La certification des idées à la noix par la blockchain, c'est possible?
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Ok, thread. On a donc 1 proposition d'amdt qui sous-entend qu'on peut résoudre le pb des "fake news" par la blockchain pour "assurer la certification des infos, photos, illustrations diverses dans tous les supports diffusant des informations" assemblee-nationale.fr/15/amendements…
1/ Là tu te dis, les député.e.s ont dû réfléchir deux minutes avant de pondre ça. Genre quelle faisabilité du bouzin vu le nb de contenus. Qu'est-ce qui est certifié. Sur quels critères. Qui entre les données :
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by @elmalandr0 view original on Twitter
Ou, genre, comment leur idée ̶d̶e̶ ̶g̶é̶n̶i̶e̶ à la noix est compatible avec le droit à l'oubli. Sauf que se poser ces questions c'est un poil plus compliqué que sauter comme des cabris en criant "blockchain! blockchain! blockchain!" (Déso j'ai pas pu résister.)
2/ Est-ce qu'il y a des gens qui réfléchissent aux aspects politiques de la blockchain, à part Morozov ? Réponse : pas beaucoup. Et c'est très embêtant. Parce que comme toute techno, la blockchain a un sens politique.
A gros traits : du contrat validé par un réseau distribué + infalsifiable et irréversible, et la disparition des tiers de confiance. En résumé c'est du libertarianisme encodé. C'est pas pour ça que c'est pas intéressant (et perso je trouve la techno fascinante), mais :
Vouloir coller de la blockchain partout c'est rêver d'un monde régi par le contrat (et non par la loi) et sans tiers de confiance. Je sais pas vous mais comme projet politique je trouve ça assez cauchemardesque.
Un exemple d'usage parfaitement toxique, la blockchain pour certifier le consentement aux pratiques sexuelles, très bien démonté ici : gizmodo.com/men-try-to-red…
Donc si on pouvait se poser un peu la question des impacts sociaux d'une technologie, ce serait quand même pas plus mal.
3/ Revenons aux "fake news". Les gens qui se donnent la peine de réfléchir et de chercher un peu sont souvent assez d'accord pour identifier qu'on a aujourd'hui 1/ un pb d'architecture, d'hypercentralisation, de positions monopolistiques 2/ un pb de biz model des plateformes.
En gros, on a un souci avec Facebook, Google, Twitter au premier chef. Or que fait la #StartUpNation ? Elle leur déroule le tapis rouge dans un sommet appelé, on croit rêver, "Tech For Good" (je m'en remets pas).
Et elle usine une loi qui 1/ redonde avec ce qui existe déjà 2/ a quelques trucs dedans dont tu te dis que ça peut bien partir en cacahuète (cf liberation.fr/france/2018/06…). Sans JAMAIS aborder la question de l'architecture et du biz model.
Et au-delà de la #StartUpNation d'ailleurs il y a une fâcheuse tendance à considérer que FB Google & Co sont là et qu'on doit bien faire avec, plutôt que de réfléchir à comment on fait pour faire émerger des alternatives.
Voir à quel point le modèle des grandes plateformes a totalement stérilisé les imaginaires, ça me déprime encore plus que la compatibilité évidente de la #StartUpNation avec l'idéologie de la Silicon Valley.
Bref. Cet amendement est sans doute anecdotique mais il est symptomatique d'une fâcheuse tendance à croire qu'on va régler des pbs sociaux et politiques de fond avec une couche de techno -- et ce, sans jamais s'attaquer aux causes.
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[Thread] C'est frappant comme on a –toutes proportions gardées– le même type de pb avec le numérique qu'avec le changement climatique. Sous le nez, un modèle totalement toxique. Dont on voit les effets délétères tous les jours mais dont on n'arrive pas à sortir.
Alors on patche, on rustine. Dans certains cas ça ouvre des perspectives (#RGPD). Dans d'autres c'est contre-productif parce qu'in fine on ne fera que renforcer la situation monopolistique d'acteurs qui fonctionnent à la prédation des données (#CopyrightDirective).
Mais ce qui me frappe aussi, c'est la stérilisation des imaginaires dans le «grand public». Qui envisage qu'on puisse demain avoir autre chose que Facebook, Twitter et YouTube? Pas grand-monde hélas (et ça me déprime).
[Thread] [#Renseignement] Ah tiens, au fait, j'ai enfin mis le nez dans le rapport de la #CNCTR, a.k.a. "le gendarme des écoutes" (cnctr.fr/_downloads/NP_…). Qqs notes au fil de l'eau :
Dès l'intro : + que doublement des contrôles "sur pièces et sur place" entre 2016 et 2017.
Plus d'éléments sur ces contrôles pp. 56 & suivantes. Dans le cas de la DGSI et de la DGSE, ça a pu monter à un contrôle / semaine en 2017.
[Thread] Je découvre avec 2j de retard la tribune de Belinda Cannone dans le Monde. Qui a eu bcp moins d'écho que celle de Millet, Deneuve & Co. Dommage, elle est bcp + intéressante abonnes.lemonde.fr/idees/article/…
Notamment parce qu'elle résume très bien un "éléphant dans la pièce" de la tribune Millet&Co :
Au-delà même de la mobilisation massive, et nécessaire, contre les violences sexuelles & sexistes, il y a dans #MeToo#BalanceTonPorc, je crois, qqch de bcp plus large : l’aspiration à un changement profond des rapports de genre.