1. Mini-fil sur ce qui me paraît (comme observateur, comme fonctionnaire aussi) le plus intéressant dans l’ #affaireBenalla et les réactions qu’elle suscite.
Spoiler : ce n’est pas qui a vu quelle vidéo à quelle heure le 1er ou le 2 mai
2. j’ai été frappé lors des auditions, des préfets Delpuech et Strzoda notamment, par tout le respect entourant ces "grands commis de l’État". Ce dernier déclarant qu’il servirait l’État "jusqu’à la dernière minute". Et tous de se pâmer.
3. Car une des choses qui choque fondamentalement dans cette affaire est l’idée que la sécurité présidentielle, chose sérieuse s'il en est, ait pu être retirée à l’État, aux fonctionnaires, policiers et gendarmes, formés pour cela
4. Et chacun semble redécouvrir à cette occasion que la fonction publique peut avoir du bon : personnels recrutés, formés, au statut net, encadrés de façon claire; rémunérations normées, chaîne hiérarchique lisible ; transparence (nominations au JO), professionnalisme, etc.
5. (ceci dit sans rien idéaliser : bien sûr l’État n’est pas infaillible et des fonctionnaires peuvent se tromper ou faire des fautes, plusieurs d’entre eux sont d’ailleurs mis en examen)
6. Or l’ #affairebenalla semble aussi montrer les effets de la politique LREM / Macron en la matière : du modèle étatique au modèle entrepreneurial, avec un chargé de la sécurité que nul ne contrôle, dont on ignore encore à ce jour la rémunération, avec des passe-droits...
7. Finalement l’affaire condense aussi ce basculement politique d’une ancienne tradition étatique vers la "start-up nation" que Macron n’a pas initié, bien sûr, mais qu’il est le premier à incarner, à assumer, à accélérer à ce point.
8. Et qui se révèle d’un coup dans toute sa nudité avec ce scandale. Cela choque, à juste titre. Mais est-ce que cela ne devrait pas choquer aussi quand cela concerne l’école ou l’hôpital soumis au « new public management » ?
9. C’est bien de s’indigner de la présence d’un personnage aux fonctions et attributions troubles dans l’entourage présidentiel, d’une privatisation de sa sécurité. Mais il faudra alors défendre le statut, et les recrutements, de celles et ceux qui enseignent, soignent, etc.
10. Et ce alors que le manque de personnel est dramatique un peu partout : école, hôpital, université, justice… Sans trop y croire j’aimerais que ce scandale puisse, un peu, faire ouvrir les yeux sur les vertus et la nécessité de la fonction publique
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