Vous l'avez peut-être vu, Arte Journal s'est doté d'un tout nouvel habillage samedi dernier, qui rompt nettement avec les codes des habillages info traditionnels #habillage#ArteJournal
J'ai envie de dire : « Arte est de retour ». Parce que oui, ça faisait longtemps qu'Arte ne nous avait pas proposé un générique info qui casse un peu les codes, justement.
Le précédent générique reprenait les marottes des habillages infos : une mappemonde, des ondes et une musique solennelle. Rien que de très ordinaire, hormis un logo « labyrinthique » assez bien vu medias.lenodal.com/video.php?id=1…
En fait, il faut remonter avant 2008 pour retrouver une forme de liberté et d'impertinence dans les génériques infos d'Arte, liberté que la chaîne cultivait soigneusement dans ton son habillage, du reste. medias.lenodal.com/video.php?id=6…
D'autres génériques de JT de la chaîne montraient des vues satellite de la Terre, des visages… Arte, c'était le pas de côté. Même quand il s'agissait d'un journal. parce que le journal d'Arte est différent.
Force est de constater que ce pas de côté, Arte l'a fait, une nouvelle fois. Le parti pris est assez simple, au fond : quand d'autres jouent la grandiloquence, Arte la joue sobre. Le contraste avec le nouvel habillage info de TF1 est assez saisissant, évidemment.
Mais il y a aussi ce refus très net des codes (pour ne pas dire des « clichés ») des habillages info traditionnel. Là où les génériques de JT jouent souvent sur un visuel très fort, Arte préfère une mise en page uniquement typographique.
L'ouverture se fait par le texte : la mappemonde n'apparaît pas, elle est simplement suggérée par les fuseaux horaires. Remarquez que des villes sont nommées : le monde n'est plus représentée par de vagues silhouettes de continents, il est incarné dans des lieux.
On a soudain l'impression que le monde est moins abstrait, qu'il a une substance, une existence. C'est une démarche très assumée par la direction de l'information, qui souhaitait faire découvrir des villes aux téléspectateurs (je posterai le lien de la vidéo en fin de thread)
On notera aussi les références assez évidentes au print, par l'usage d'une grille, la suggestion de paragraphes et d'une hiérarchie dans les textes (avec un jeu sur le corps des caractères)
D'une part, c'est une façon de jouer avec l'image « noble » dont jouit la presse, en contrepoint des médias numériques qui, pour le dire vite, vont parfois trop vite. C'est une façon aussi de suggérer une structure, une droiture — celle de la rédaction d'Arte.
D'un côté, le bruit et la fureur des chaînes d'information en continu et des grandes messes ; de l'autre, la rigueur et le calme d'Arte Journal.
D'aucuns diront qu'Arte « fait du Arte », que la chaîne se caricature elle-même. Ce n'est certainement pas faux, car Arte revendique cette différence et cette impertinence. Faire tout l'inverse de ce que font les autres jusqu'à l'excès, c'est aussi sa marque de fabrique.
Pour le plaisir, l'animation des synthés, avec cette idée brillante : mettre discrètement en avant le nom avant de faire apparaître la fonction. On le voit rarement et pourtant c'est diablement efficace.
L'usage d'une typographie serif, c'est là encore une référence à la presse. Et naturellement, le sonore est à l'avenant, avec une orchestration extrêmement légère — on est loin des orchestration très élaborées qui mélangent souvent rythmique forte, violons et bruitages.
À titre personnel, je suis totalement séduit. On pourrait peut-être regretter une intégration dans le décor pas toujours très heureuse — c'est un peu le mariage de la carpe et du lapin — mais les partis pris sont forts et assumés jusqu'au bout.
Représenter le temps et l'espace uniquement par le signe typographique, je trouve ça très fort. C'est aussi un vrai bonheur de voir un générique si bien animé, le rendu est aussi esthétique que contemporain.
Et donc comme promis, les coulisses et des explications sur ce changement dans ce reportage : arte.tv/fr/videos/0844…
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On parlait hier du plan de métro produit par Île-de-France Mobilités et c'est, au fond, un cas d'école intéressant. Car en reprenant la forme carrée du logo d'IDFM, il nous montre ce que devient la cartographie : un outil politique.
Imaginez un territoire que l'on déforme, dont on change les dimensions, les proportions, la physionomie en somme pour le faire coïncider avec les contours d'un logo, donc d'une marque. Symboliquement, c'est assez fort.
Des tentatives de géométriser Paris, il y en a eu. On pourrait évoquer cette tentative de plan de métro circulaire, conçu par Constantine Konovalov konbini.com/fr/tendances-2…
Je vais vous raconter l’histoire du piratage télévisuel le plus mystérieux de tous les temps. Ou comment, un soir de novembre 1987, un étrange personnage fit irruption sur les ondes de deux chaînes locales de Chicago… Déroulez donc 😉 #thread
Mais avant d’évoquer plus en détail cette étrange affaire, je dois vous présenter celui qui en est devenu, un peu malgré lui, le protagoniste. Son nom est Max Headroom.
Le public découvre Max Headroom en 1985, lorsqu’il devient l’animateur d’une émission musicale sur la télévision britannique. Il est alors présenté comme le « premier présentateur télé conçu par ordinateur »
Bon, voilà plusieurs mois que je lis, ici et là, que la nouvelle identité de France Télévisions se résume à « un ajout de points devant des chiffres »… Du coup, je voulais vous montrer, à l'aide de qq documents, le travail que représente un tel rebranding #habillage#francetv
En effet, heureuse coïncidence, il se trouve que le service presse du groupe a publié des documents particulièrement intéressants pour comprendre l’élaboration de la nouvelle identité visuelle du groupe : les chartes graphiques.
Une charte graphique, kesako ? C’est un document qui définit l’ensemble des signes d’une identité visuelle ainsi que les règles d’utilisation de ces signes. En gros, une charte graphique appliquée à la lettre conduit à une identité homogène donc reconnue par le public 👌
Et hop, nous voici partis pour un nouveau thread ! Et cette fois-ci, nous allons parler de l'évolution de l'identité visuelle de France Télévisions. Vous êtes prêts ? Déroulez donc 😉
Car oui, dès demain, l’identité visuelle du groupe ainsi que l’habillage de ses chaînes évoluent en profondeur. Ça valait le coup d’ouvrir la boite à souvenirs, non ?😉
Nous allons donc revenir sur une histoire longue de presque… 26 ans (!) De fait, vous comprendrez qu’il me sera impossible d’être exhaustif en évoquant, avec force détails, tous les habillages de toutes les chaînes de France Télévisions.
Hop, c’est parti pour un thread sur la signalétique originale du #RER, mise en service il y a 40 ans. Tellement banale et insignifiante en apparence, et pourtant… Je vous l’explique avec quelques animations faites maison, déroulez donc 😉
Jusque dans les années 60, le réseau de transport s’aventure peu en dehors de Paris… Sauf qu’on vit de plus en plus nombreux à Créteil, Cergy ou Bondy. Et qu’on peut habiter à Noisy-le-Grand et devoir aller travailler à la Défense. La région parisienne s’urbanise, en somme.
En gros, à cette époque, le métro ne fait que de timides incursions en banlieue… Pour le reste, les « lignes régionales » s’arrêtent dans les grandes gares parisiennes, obligeant les passagers à de laborieuses correspondances. Not cool.