Pas grand monde. Dans les escaliers je double un mec salement bourré qui tient à peine debout.
Automatiquement, sur le quai, je me place à distance raisonnable.
Bah oui, car comme une meuf bien aguerrie, je sais que situation possible d'emmerdement +++.
(oui, c'est dégueulasse pour tous ces mecs bien même bourrés, je SAIS #NotAllMen)
Je monte, m'assois et prend mon livre.
Le type monte dans ma rame mais s'assoit assez loin, genre je suis en tête de train, il est au delà de la barre centrale.
Oui, je le surveille du coin de l'oeil. Pardon pour les mecs bien.
Je repère aussi qu'il y a d'autres voyageurs.
Puis il se déplace et vient se mettre sur les sièges en face de moi en décalé.
(je suis en bout sur un bordel à 3 places, parallèle aux rails)
Je lis mon livre.
Puis je remarque qu'une femme s'assoit en face de moi. Je suis un peu surprise en constatant que le type s'était déplacé à côté de moi avec une place vide entre nous.
À ce moment là je sais que je suis donc bien sa cible.
Oui, parce qu'avant je lui avais laissé le bénéfice du doute "mec bourré vient à l'avant car moins malade ou se croit dans un jeu vidéo)
(oui oui, toutes ces pensées nous traversent en même temps qu'on lit, observe son environnement etc.)
Je continue de lire et je suis très attentive à ses gestes et aux miens.
Il a les jambes croisées et s'étale nonchalamment sur le siège, bras allongé.
Il touche mon pied avec son pied puis mon épaule avec sa main.
Je sais que ce n'est évidemment pas involontaire.
Je le regarde dans les yeux très méchamment un moment et me replonge dans mon livre.
Puis il lâche "c'est bon, faut pas s'énerver !"
(comme quoi un mec même bourré est capable de comprendre un holà non verbal)
Bon là, j'avoue, je suis énervée +++, mais je lui dis TRÈS ÉNERVÉE :
"je ne suis pas énervée Monsieur. Simplement vous êtes ivre, vous étiez assis là bas, vous êtes venus en face puis à côté de moi, puis vous me touchez le pied et l'épaule.
Je dois me sentir en sécurité ???"
Il répond rien. La meuf en face en perd pas une miette et se met en mode vigilance.
Et là il dit "non mais faut pas avoir peur...je suis juste ivre."
Donc là je lui dis "ah mais je n'ai pas peur, vu comment vous êtes ivre, si vous recommencez je vous éclate."
Il répond rien.
Le mec n'a même pas jugé utile de changer de place ou de s'excuser.
À l'aise quoi.
Je dessens du métro, et la meuf d'en face avec moi.
Elle me demande si ça va, je lui dis oui, et se casse.
Un "ça va" qui veut dire "j'ai vu, t'as géré, mais sinon j'étais là"
Un "oui" de ma part et son départ immédiat qui signifient "nous les meufs on est tellement habituées à gérer ces saloperies qu'on va pas y consacrer davantage de temps là".
Donc rien de grave.
Reste juste ce sentiment très humiliant d'être traitée comme un objet sexuel à disposition/être inférieur pour la je sais pas combientième fois de ta vie.
Oh juste un truc.
On voit fleurir de nouveau toutes ces questions sur "pourquoi n'ont elle pas parlé plus tôt" ?
Les mecs, là, essayez un truc svp.
Demandez à vos meufs, amies, soeurs, mères, cousines, si elles ont vécu des situations où elles ont eu le sentiment d'être traitées de façon sexiste ou ramenées à des objets sexuels.
Demandez leur de vous raconter.
Si elles sont mal à l'aise ou ne veulent pas, n'insistez pas. Elles le feront peut-être plus tard, juste parce que vous avez posé la question.
Si elles vous racontent, fermez bien vos gueules et écoutez.
Aucun commentaire, aucun jugement, de la bienveillance.
Puis réfléchissez.
Puis demandez leur si il leur est arrivé de trouver que vous aviez des réactions/paroles/comportements inadaptés et de vous raconter.
Même chose : aucun commentaire, aucune tentative de défense/explications etc.
On ferme sa gueule, on ouvre ses oreilles, et on écoute plusieurs femmes.
Et on réfléchit.
On réfléchit notamment à pourquoi, alors qu'on sait que ça arrive à quasi toutes, tout le temps, on leur a jamais posé ces questions.
Il faut prendre connaissance de cette histoire atroce, et peser les mots écrits par le président Tribunal de grande instance de Rennes, révélés dans cet article. #ProtectionDeLEnFance#Thread
Il ne s'agit pas ici de dédouaner qui que ce soit, non plus de pointer telle ou telle personne ou institution en particulier ; il faudrait en effet décortiquer précisément l'ensemble des éléments du dossier pour pointer les différentes défaillances et leurs causes.
Pour autant, la question des moyens alloués d'une manière générale à la protection de l'enfance, et notamment au traitement judiciaire de la protection de l'enfance, ne peut pas, ne doit pas, être évacuée.
J’ai vu pas mal de réactions passer sur le non-lieu rendu au bénéfice de Darmanin concernant la plainte de Mme Spatz-Patterson. nouvelobs.com/justice/201808…
Ce qui fait le plus réagir, c’est l’extrait de la motivation utilisée par le juge d’instruction dans son ordonnance de non-lieu :
(je cite) « Le défaut de consentement ne suffit pas à caractériser le viol. Encore faut-il que le mis en cause ait eu conscience d’imposer un acte sexuel par violence, menace, contrainte ou surprise ».
Quand même, si on résume, hors toute qualification pénale, on a : #Benalla
- un chargé de mission à l'Elysée, dont le nom et les fonctions officielles n'apparaissent nulle part, comme d'autres, et qui ne font pas de déclaration à la HATVP
- qui échange par SMS avec un flic haut-gradé en mode "chaud le maintien de l'ordre avec les gauchistes"
Le rappel à la loi suppose que le parquet estime une infraction pénale caractérisée. Si tel n'est pas le cas, le parquet classe sans suite pour "absence d'infraction" ou "infraction insuffisamment caractérisée.".
Et, en matière d'infractions sexuelles, on a un taux de classement sans suite pour ces motifs dans bien plus de la moitié des cas.
Un de mes trucs préférés : les gens qui font semblant de ne pas comprendre et s'indignent sur des trucs qui n'ont rien à voir en mode "et la prochaine étape c'est la Corée du Nord 😤😤😤 ?" <3
(ah merde, je viens de réaliser que c'est la meuf qui a fait le reportage sur la ZAD, pardon, j'ai une crise de rire, c'est nerveux)
Bon, alors, je reviens juste sur cette histoire de la FIFA et des images de supportrices sexy là. Parce que c'est qd même assez symptomatique du délire ambiant.
Je pense qu’à peu près tout le monde a suivi donc je ne vous fais pas le résumé, et me contente d’envoyer vers un lien qui résume le truc. huffingtonpost.fr/2018/01/18/la-…
Donc nous en sommes à un stade où en effet Eric Brion, lequel a eu droit à sa tribune dans le Monde, dépose plainte en diffamation contre Sandra Muller et évalue lui-même son préjudice à 50.000 €.