Thread by @GoldbergNic

1. Pour prolonger ses réacteurs #nucléaires, EDF communique sur un "coût cash" de 32€/MWh. Comment ce coût est calculé? Qu'est-ce qu'il inclut? Je vous propose de le regarder ensemble #Adérouler ⬇️⬇️⬇️

2. Pour comprendre le calcul, il faut partir du rapport de la Cour des Comptes de 2014. Le tableau ci-joint fait le bilan des coûts du nucléaire. Les "investissements" de maintenance correspondent à ceux du "Grand Carénage" pour prolonger les réacteurs jusqu'à 50 ans

3. Pour avoir le coût cash, prolongations jusqu'à 50 ans comprises, il faut additionner les "dépenses d'exploitation" et les "Investissements de maintenance" (=Grand Carénage). Les autres coûts sont des coûts CAPEX et non des coûts d'un parc existant

4. Première limite de l'exercice du "coût cash" : il n'inclut pas le démantèlement, la gestion des déchets ou celui de la nécessité d'investissements dans la suite. C'est toutefois le coût qu'il faut retenir pour comprendrel'intérêt éventuel des prolongations

5. Sortons notre calculette : (10 870 + 4 300)/410 = 37 €/MWh. On monte à 39 €/MWh quand la production du parc tourne plutôt autour de 390 MWh. En comparaison, l'ARENH est à 42 €/MWh et les prix de marché tournent autour de 40 €/MWh en ce moment

6. Ainsi, si nous nous en tenons stricto sensu aux chiffres de la Cour des Comptes, on obtient un #nucléaire à l'équilibre, voire même plutôt positif quand la disponibilité le permet et que les prix de marché ne chutent pas

7. Au passage, rappelons que vendre 400 TWh de production ne serait-ce qu'avec 1 €/MWh de marge rapporte chaque année 400 M€ de bénéfices à EDF. ça n'a pas été le cas depuis deux ans compte tenu des prix de marché bas qui sont remontés depuis le mois d'août

8. Comment EDF passe de 37 €/MWh à 32 €/MWh? Pour obtenir ce chiffre, il faut retrancher un certain nombre de coûts. Je vous propose de tous les lister :

Dotations aux provisions au titre des charges de désactualisation hors démantèlement) : - 1 177 M€

9. Réforme des retraites : - 124 M€. Coût de portage des stocks : -595 M€. Effet de l'efficacité opérationnelle sur les OPEX : - 400 M€. Ceci intégré, on obtient un coût cash ~32 €/MWh. En toute transparence, la @SFENorg utilise aussi ces chiffres pour communiquer sur ce coût

10. La @SFENorg va même plus loin en avançant une baisse des coûts du Grand Carénage pour avoir un coût un peu en dessous de 32 €/MWh. Attendons toutefois de voir la fin pour voir si cela se confirme

11. Que penser de tout cela? Pour ma part, j'estime que la Cour des Comptes fait toujours un travail précis et auditable. Il est d'ailleurs peu surprenant de trouver un coût bas une installation existante qu'un industriel veut prolonger

12. Les chiffres de la @SFENorg et d'EDF qui permettent de passer de 37 €/MWh à 32 €/MWh sont discutables, mais ils ont le mérite d'être transparents

13. Outre la confusion entre "coût cash" et "coût complet", la contestation des opposants vient de plusieurs éléments : sous-estimation des coûts du Grand Carénage, nécessité de contrôler l'ensemble de la conformité et surtout risque terroriste

14. Sur ce dernier point, je me permets de douter que les piscines des centrales nucléaires soient une cible prioritaires des terroristes. Endommager un site militaire en rase campagne avec pour seule conséquence une zone d'exclusion n'aurait que peu d'effets...

15. Notons une chose intéressante : la rentabilité de nos installations nucléaires existantes dépend clairement d'où nous mettons le curseur pour la sécurité de ce parc. Trop de travaux à effectuer = parc pas rentable, ce qui explique les travaux des opposants sur le sujet

16. Par ailleurs, la rentabilité du parc dépend sans surprise de sa disponibilité : à 410 TWh/an, c'est une bonne affaire. Autour de 380 TWh comme l'an dernier, c'est bcp moins bon. La haute disponibilité du parc #nucléaire sera donc l'enjeu principal pour EDF en 2018

17. Pour conclure, la Cour des Comptes nous indique que le parc #nucléaire existant est rentable car en grande partie amorti. On peut discuter des coûts du démantèlement dont nous devrons de toutes façons faire face mais en attendant, le #nucléaire existant dégage du cash

18. Cela n'exclut le fait qu'il vieillit et qu'il faut toujours être vigilant à la sûreté et la disponibilité des centrales. Par ailleurs, il faut admettre qu'elles devront fermer un jour et qu'il faudra éviter l'effet cascade des fermetures

19. Par ailleurs, d'un point du vue purement économique, les EnR s'exportent mieux que les réacteurs : il est nécessaire de leur faire une place en France, à condition d'avoir les champions nationaux. C'est le cas pour EDF qui est très investi dans les EnR aux USA et en Asie

20. Alors que faire? Il faut profiter des rentes d'aujourd'hui pour faire les investissements de demain, à condition de bien les aiguiller et d'étaler les dépenses dans le temps. C'est en tout cas mon point du vue. A discuter !