Thread by @ComSciComCa

Bonjour Twitter !
Avant de rendre l'antenne de @ComSciComCa, j'aimerais partager avec vous quelques réflexions que je me fais depuis quelques temps sur la vulgarisation scientifique et sur les liens entre science et société. Réflexions que je vous encourage à critiquer :)

Depuis quelques années je m'interroge sur ma propre pratique de la #comsci et sur les raisons qui me poussent à vulgariser les sciences au public. Voici les raisons que j'ai pu lister :

1. Pour consolider le lien de confiance entre sciences et société.
Sciences et société sont interdépendantes. D'un côté, la société finance et organise le monde de la recherche. De l'autre, on n'a jamais connu autant de problèmes dont les solutions sont techno-scientifiques.

Un lien de confiance apparait donc comme nécessaire pour permettre au système science-société de fonctionner correctement. Le problème c'est que ce lien de confiance est fragile, et pas mal d'indicateurs de l'évolution de ce lien m'inquiètent pas mal.

J'ai fait quelques recherches sur l'évolution de la confiance qu'a le public français dans les sciences, et voici ce que j'ai trouvé. Dans l'ensemble, la confiance dans le "processus scientifique" dans l'ensemble est très bon.

Il y a aussi une vrai envie des français d'en savoir plus sur les connaissances scientifiques. credoc.fr/pdf/Rapp/R289.…

Parmi les domaines dont la demande du public est la plus forte, la santé et la bio arrivent en tête. À ma grande surprise (et désarroi), la physique et le spatial sont proches de la dernière place, qui elle est occupée par... La chimie ! (Déso @brusicor02)

Par contre, il semble y avoir depuis quelques années une monté de la défiance dans des domaines particulier, avec de fortes connexions industrielles et financières, comme les recherches sur le climat, le nucléaire, les OGM et les vaccins.

Cette montée de la défiance, on ne peut la comprendre que dans un contexte de montée de la défiance envers les institutions, notamment au niveau national. Ce n'est donc pas la science en elle-même qui pose problème, mais l'intégrité des scientifiques sur ces questions.

On peut aussi blâmer les "marchands de doute" et autres charlatans (climatosceptiques, antivax...) qui exploitent la crédulité de certains pour servir des intérêts politiques, idéologiques ou financiers.

MAIS on peut aussi blâmer les chercheurs et les experts d'adopter une attitude parfois condescendante envers un public considéré comme déficient en culture scientifique. Un paradigme qui régit une grande partie de la #comsci et qu'on appelle le modèle du déficit.

Selon les sociologues des sciences, ce modèle du déficit, par l'asymétrie dans les rapports entre les experts et les non-experts qu'il entretient, est en grande partie responsable de cette montée de la défiance.

Des modèles alternatifs au modèle du déficit existent, comme le modèle du dialogue ou le modèle de la co-production des savoirs. Dans ces modèles, experts et non-experts sont placés au même niveau, ce qui crée plus de facilités dans la communication.

Le modèle du dialogue peut être incarné dans les initiatives de bars des sciences, comme le festival @pintofscienceFR par exemple, qui cherche à mettre scientifiques et autres citoyens dans un lieu de détente pour discuter de sciences.

Le modèle de co-production des savoirs est incarné dans les initiatives de sciences citoyennes, comme @the_zooniverse, où n'importe qui peut participer à son niveau à des projets de recherche qui demandent de traiter beaucoup de données à la main zooniverse.org

2. Pour émerveiller les gens ! Comme je l'ai dit en début de semaine, il y a une grande richesse dans la vision scientifique du monde. Une richesse ET une source d'empowerment. Perso cette vision me fait pas mal relativiser les petits problèmes du quotidien.

3. Pour que l'image du chercheur sorte enfin de CE cliché du savant fou à la Doc Brown, qui fait selon moi plus de mal que de bien. La science c'est un effort collectif fait par des gens raisonnés, pas l'oeuvre d'un vieux mec blanc totalement coupé de la réalité (le plus souvent)

4. Pour l'enjeu démocratique que ca représente ! On demande de plus en plus aux citoyens de voter sur des problématiques scientifiques qui nous touchent tous. Si l'opinion de ces citoyens sur ces problématiques peut être basé au moins en partie sur les faits, on y gagne tous.

5. Pour une raison totalement égoïste : communiquer sur des sujets scientifiques me permet MOI de mieux comprendre ces sujets ! Quand on est chercheur, on n'est expert que d'un sous-sous-domaine. Vulgariser me permet d'avoir une vision d'ensemble de mon domaine de recherche.

Voilà #PourquoiJeVulgarise ! À terme j'ai bon espoir de faire comprendre à mon échelle la richesse et la beauté qui émanent d'une vision scientifique du monde au plus grand nombre. En tout cas, c'est à ça que je consacre aujourd'hui toute mon énergie.

Depuis la fin de ma thèse, j'ai décidé de quitter le monde académique (temporairement ?) pour me consacrer indépendamment à la #comsci à 200%. J'investirai tous les formats qui me permettront de toucher un public large de manière éthique.

La grande question qui s'impose a moi aujourd'hui, c'est comment vivre de la #comsci de manière pérenne. Pour l'instant, mes seules sources de revenus sont le compte @Tipeee_Officiel du Sense of Wonder et les vidéos que je produis avec @StringTheoryFR tipeee.com/le-sense-of-wo…

J'ai pas mal de projets assez ambitieux de #comsci en cours sur le court, moyen et long terme (je vous en parlerai plus tard sur le compte de @FlashCordon), mais sachez dans tous les cas que je ne pourrai les réaliser QUE grâce à votre soutien financier !

C'est tout pour cette semaine épique ! :)
Merci à toutes et à tous pour vos touchants messages, vos révélations et vos réflexions !
Vous pourrez me retrouver via @FlashCordon,
#leSOW,
@EnDirectDuLabo,
@Asso_Conscience,
@StringTheoryFR
et ailleurs
plus tard,
bientôt,
peut être...