Thread by @ordrespontane

Fred Mayer a tout juste 20 ans quand il s’engage dans l’armée américaine. Il a deux raisons pour ça : la première, c’est qu’il aime son pays d’adoption ; la seconde c’est qu’il est juif allemand et qu’il rêve de casser du nazi. #Thread

Il faut dire le Fred, même s’il n’est pas bien grand, n’est pas exactement le genre de type qui se laisse faire. Il en veut à mort aux nazis qui ont forcé son père, un héros de la guerre de 14, à émigrer aux US en 1938.

C’est alors qu’il s’ennuie sec en caserne qu’il est approché par un officier de l’OSS (Office of Strategic Services), premier service de renseignement américain digne de ce nom qui vient d’être créé (1942).

Évidemment, pour des activités d’espionnage en Allemagne, il a un profil parfait : il parle allemand (mais aussi français et espagnol), il connait la culture locale, c’est un solide bagarreur et il déteste cordialement les nazis.

C’est là qu’il rencontre Hans Wijnberg, un jeune gars des Pays-Bas qui, lui aussi, hait les nazis : non seulement il est juif mais, avec son frère jumeau, ils sont les deux seuls survivants de la famille.

C’est comme ça que l’OSS va constituer un petit groupe de jeunes juifs européens réfugiés aux US et les former à leurs futures missions : l’espionnage en territoire ennemi, façon commando.
#InglouriousBasterds

C’est après le débarquement que Fred et Hans, après avoir lourdement insisté auprès de leur hiérarchie, vont obtenir leur première mission.

C’est l’opération #Greenup.

Il s’agit, en toute simplicité, de débarquer au Tyrol pour y surveiller le col du Brenner mais aussi pour découvrir si, oui ou non, les nazis sont bien en train de construire une forteresse dans les Alpes bavaroises.

C’est-à-dire qu’on envoie nos deux gars à Innsbruck, là où officie Franz Hofer, un fanatique nazi, le gars qui a vendu à Hitler l’idée de l’idée de construire ladite forteresse pour y poursuivre le combat jusqu’à la fin.

Greenup, c’est limite une mission suicide.

Sauf que, pour avoir une chance, il faut intégrer un gars du coin dans l’équipe. Fred et Hans cherchent et finissent par trouver : ce sera Franz Weber, un déserteur de la Wehrmacht horrifié par le nazisme.

Ce sont donc ces 3 gars qui vont se faire parachuter, en plein hivers, sur un glacier à 3000 mètres d’altitude par le seul pilote assez fou pour accepter une mission pareille (un ricain, la RAF a refusé de le faire).

Et ils vont y arriver les bougres. En quelques mois, grâce à l’aide de la famille de Weber (notamment ses sœurs et sa maman), Fred va devenir un espion d’une remarquable efficacité tandis que Hans assure les transmissions radio.

Premier coup de génie de Fred : il récupère un uniforme et se fait passer pour un officier allemand en convalescence à Innsbruck. Le mec débarque au mess des officiers, se débrouille pour se faire payer « sa » solde (!)…

… et, pendant des mois, discute tranquillement avec des officiers nazis (effectivement en convalescence) qui lui racontent absolument tout… Jusqu’aux plans détaillés du bunker d’Hitler !

Une mine d’or.

C’est là que l’OSS lui demande d’aller espionner l’usine où sont fabriqués les nouveaux Messerschmitt à réaction (le Me 262 Schwalbe). Usine évidemment ultrasecrète et surprotégée.

Ben voyons...

Mais pour le Fred, pas de problème : il se fait simplement passer pour « Frédéric Meyer », un électricien français à la recherche de travail et se débrouille pour se faire embaucher. Trop facile.

Mais ça ne lui suffit pas. Sur son temps libre, il envisage carrément d’organiser une insurrection locale pour reprendre Innsbruck à Franz Hofer.

Là, l’OSS lui explique qu’il faut se calmer un peu quand même…

Las, il finit par se faire pincer par les sbires de Hofer. Torturé à la mode nazie pour qu’il dénonce son opérateur radio (Hans), Fred ne dit pas un mot. Il résiste tellement que ses tortionnaires en sont impressionnés.

Et là, coup de bol : il se trouve d’un autre agent américain a été arrêté à Innsbruck. Quand les nazis lui montrent une photo de Fred, le gars a un coup de génie : il leur explique que Fred est un ponte du renseignement US (Fred est juste sergent).

Et c’est là que l’histoire touche au sublime.

Apprenant qu’il détient un haut gradé américain, Hofer le fait sortir de sa cellule et l’invite à dîner chez lui. Évidemment, Fred est convaincu que c’est une ruse pour essayer de le faire parler.

Mais, à sa plus grande surprise, non seulement il comprend vite que Hofer surestime largement le rang de son prisonnier mais il réalise surtout que Hofer cherche une porte de sortie.

Le mec veut se rendre !

Et là, notre Fred va se lancer dans un coup de bluff absolument hallucinant : il va jouer le jeu et commencer à négocier la capitulation de ce qui devait être le dernier bastion de l’Allemagne nazie. #WhyNot

Le 3 mai 1945, Fred va à la rencontre du premier gradé américain qui lui tombe sous la main et lui balance calmement : « je suis Fred Mayer de l’OSS, je voudrais que vous acceptiez la reddition du Tyrol. »

Si, #TrueStory.

Les 3 membres de l’opération Greenup s’en sortent donc (presque) indemnes et Fred coulera des jours paisibles à Charles Town, Virginie-Occidentale, jusqu’à sa mort le 15 avril 2016. #Fin

Si vous voulez en découvrir plus, visionnez *Les vrais inglorious bastards* :

Anecdote : je dis, dans le 2ème tweet, que Fred n’est pas du genre à ce laisser faire. Son patron, à NYC, à eu le malheur de faire une remarque antisémite devant lui. Le gars s’est pris une droite et une démission (dans cet ordre).

Si vous voulez savoir comment (et pourquoi) les brits ont fait disparaître Alexandrie pendant une semaine, c'est ici :

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