30 juin 1942, El Alamein (Égypte). À l’est, Rommel et l’Afrika Korps tentent de franchir l’Égypte pour remonter par le Moyen-Orient. À l’Est, l’armée britannique, commandée par Claude Auchinleck, fait son possible pour l’en empêcher. #Thread
Récemment, les alliés ont décrypté le code Enigma et peuvent, grâce au système Ultra de Bletchley Park, lire couramment les plupart des ordres reçus par le renard du désert, parfois même avant lui. Évidemment, ça aide.
Mais en décryptant ces messages, les brits réalisent surtout une chose : les nazis savent tout d’eux et leurs informations sont d’une précision et d’une exactitude qui fait froid dans le dos.
Comment font-ils ?
Un premier élément de réponse tombe le 10 juillet 1942, quand la 9ème division australienne prend la colline de Tel el Eisa (la « Colline de Jésus ») et anéanti le 621ème Signals Battalion nazi qui y était planqué.
Le bataillon en question, spécialisé dans les écoutes, est commandé par le capitaine Alfred Seebohm ; un type qui, après analyse de ses documents, s’avère être un véritable crack en matière de signal radio.
Las, Seebohm est blessé mortellement durant l’assaut et emporte ses secrets avec lui dans la tombe. Au moins, se dit-on chez les brits, Rommel vient de perdre ses oreilles. C’est toujours ça que les boches n’auront plus.
Sauf que ça n’explique toujours pas comment font les nazis pour récupérer des informations stratégiques (et si loin du front).
C’est donc qu’il doit y avoir une deuxième source quelque part.
… en fouillant les affaires de Seebohm, on trouve un bouquin. C’est un exemplaire de ‘Rebecca’ de Daphne du Maurier.
En soi, rien d’extraordinaire sauf que le livre est en anglais et que son prix, écrit sur la page de garde, est en escudos.
Que fiche un roman en anglais manifestement acheté au Portugal dans les affaires d’un as des transmissions de l’Afrika Korps ?
C’est là que l’histoire devient carrément rocambolesque.
Pour les enquêteurs anglais, ça sent le système cryptographique à l’ancienne. Comme si Rommel, prudent comme un chat, avait créé son propre code pour éviter les interceptions. Mais des interceptions de quoi ?
Les anglais enquêtent et, naturellement, leurs investigations les amènent à Lisbonne. Ils finissent par trouver un libraire qui a le même exemplaire en stock et qui leur confirme en avoir vendu 12… à l’ambassade d’Allemagne. #CommeParHasard
Les choses se précisent. Si les allemands utilisent un bouquin en anglais, c’est sûrement que, là où se trouvent leurs espions, se balader avec un roman en allemand serait suspect. Dans le contexte, ça pourrait bien être au Caire.
Le contre-espionnage anglais se met donc en chasse. Dans la liste des trucs suspects, l’utilisation de faux billets — surtout s’ils sont manifestement fabriqués par des pros — figure en bonne position.
(Pendant la guerre, les nazis avaient carrément envisagé de larguer pour £30 milliards de faux billets sur l’Angleterre pour saboter la Livre Sterling. Le parallèle avec les politiques monétaires de ces dernières années… Enfin bref.)
C’est comme ça que, quelques jours plus tard, ils vont mettre la main sur Johannes Eppler, une espèce de dandy qui passe sa vie à faire la fête — notamment au Kit Kat club du Caire, là où travaille Hekmet Fahmy.
Fahmy est une danseuse du ventre (si) proche des milieux nationalistes égyptiens qui, semble-t-il, use de ses charmes pour soutirer des infos aux officiers anglais, les passe à Eppler qui transmet ensuite aux équipes de Rommel.
D’ailleurs, chez Eppler, le contre-espionnage anglais tombe sur un livre. Je vous le donne en mille : une édition anglaise du 'Rebecca' de Daphne du Maurier qui, en tombant, s’ouvre bizarrement à la même page que celui de Seebohm.
Voilà donc la seconde source de Rommel !
Sauf que non.
En réalité, la seule chose qu’ait vraiment fait Eppler au Caire, c’est dilapider les fausses Livres Sterling que lui livraient les nazis en alcool et en filles. Pour ce qui est de l’espionnage, en revanche, il ne servait pratiquement à rien.
La deuxième source d’infos de Rommel, en réalité, n’était autre que Bonner Fellers, l’attaché militaire auprès de l’ambassade US au Caire.
Ce n’était pas un traître, loin de là : il faisait juste son job…
… lequel consistait à tenir Washington au courant de l’effort de guerre britannique en Afrique du Nord. Pour ce faire, il transmettait les infos par télégraphe en utilisant le Black Code américain, code réputé inviolable.
Sauf qu’il ne l’était pas : les fascistes italiens avaient volé les tables de déchiffrage à l’ambassade américaine de Rome (en 1941) et s’était empressés de transmettre l’info à leurs alliés nazis.
Ok, c’est tout de suite moins glamour.
En fait, si Rommel et devenu complètement aveugle à partir de juillet 1942, c’est tout simplement parce que Fellers a cessé d’utiliser le Black Code pour adopter le nouveau système cryptographique US (machine ECM Mark II).
Pour Rommel, c’est une énorme perte. À partir de ce mois de juillet 1942, il a perdu son avantage stratégique et les brits vont en profiter pour l’enfumer comme un renard (du désert). Pour l’Afrika Korps, c’est le début de la #fin.
Demain, à peu près à la même heure, on parle du capitaine William Martin. Ça sera la dernière de la semaine mais vous ne serez pas déçus. #DuLourd#DuTrèsLourd
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Fin octobre 1941, les services de renseignement britanniques sont en alerte maximale : il semble que les nazis aient finalement réussit à infiltrer des agents en Angleterre ; on vient d’intercepter les messages du chef de leur réseau, un certain ‘Arabel’. #Thread
Dans ses messages interceptés par les brits, Arabel avertit ses maîtres de l’Abwer (le renseignement militaire nazi) qu’un convoi de la Royal Navy a quitté la baie de Caernarvon, au pays de Galles, et fonce désormais dans l’Atlantique, droit vers le sud.
Détail troublant, néanmoins : ce convoi n’existe pas. Même pas en rêve.
Suis à Chamonix. C’est plein d’étrangers. Des britanniques (en masse), des néerlandais, des allemands, des espagnols, des russes, des japonais, des chinois, des indiens...
Comme je suis un habitué, je peux vous confirmer que tout ce petit monde vient ici pour profiter de la montagne. On les retrouve sur les chemins de moyenne montagne ou, pour les plus sportifs, en haute montagne.
Seule exception : les arabes (les vrais hein, ceux qui viennent de la péninsule). Eux, ils restent en fond de vallée, là où il y a des boutiques de luxe.
En 1996, Alan Sokal, professeur de mathématiques et de physique, a eu une idée amusante : écrire un monument de pseudoscience et le faire publier dans une revue de ‘sciences sociales’ postmoderne. #MiniThread
Le point principal de Sokal, c’est que l’idée selon laquelle il existe une réalité objective, indépendante de nous, dont nous pourrions comprendre les lois grâce à de (« prétendues ») méthodes scientifiques est en réalité un dogme imposé par les intellectuels occidentaux.
Or, note l’auteur, un certain nombre de « percées conceptuelles récentes » montrent que « la ‘réalité’ physique est au fond une construction sociale et linguistique » et que le discours dominant relayé par la communauté scientifique…
Voilà la situation : vous êtes sur une portion d’autoroute limitée à 90 km/h (qui pourrait être, par exemple, l’A51 entre Aix-en-Provence et Marseille, aujourd’hui vers 15h10. [1/x]
Évidemment, comme vous avez un permis de conduire standard, vous respectez cette vitesse maximale scrupuleusement. Genre, vous roulez au régulateur pour être sûr de ne pas vous rendre coupable de violence routière.
Fatalement, la voiture devant vous roule à 85 km/h. Du coup, vous la rattrapez petit à petit et finissez par la doubler sur la voie de gauche (comme il se doit) mais lentement parce que 5 km/h d’écart ça ne fait pas une grosse différence.
Pour celles et ceux qui s’intéressent à la guerre du Vietnam, je ne saurais que trop recommander 'The Vietnam War: A Film by Ken Burns and Lynn Novick' sur Netflix. C'est magnifiquement fait et extraordinairement intéressant.
De l’aide militaire apportée par Truman au français dès septembre 1950 à la chute de Saigon en avril 1975, les États-Unis sont quand même restés dans ce bourbier pendant près de 25 ans et sous 6 présidents (Truman, Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon et Ford.)
En terme d’engagement de troupes sur place, on est passé des 900 ‘conseillers’ d’Eisenhower, à 16 000 gars à la mort de JFK puis à — tenez-vous bien — 543 482 hommes et femmes à la fin de la présidence de Lyndon Johnson.