Thread by @saraghibaudo

Procès #Tarnac J2. Les prévenus arrivent un peu en retard, et passablement énervés (hier ils ont pris en photo les journalistes, aujourd'hui semble-t-il un policier en civil qui n'a pas apprécié). Public toujours fourni.

Quelques clameurs à l'extérieur de la salle d'audience #Tarnac, visiblement, tout le monde n'a pas pu entrer encore.

Le tribunal visionne des photos de la surveillance de #Tarnac, et de la ferme du Goutailloux, pour tenter de "savoir si c’était une base logistique (selon le renseignement intérieur) ou une propriété agricole".

Photos bucoliques, prises d'assez loin.

L’achat de la ferme à #Tarnac par Julien Coupat a fait l’objet d’une enquête, classée sans suite en 2006. Rien d’illégal dans le financement souligne la pdte dans son rapport.

La pdt tente d'interroger Coupat sur le projet de vie à #Tarnac. Mais il s'enflamme: "Vous revenez à la trame de suspicion posée dans le récit initial, et je ne vais pas me défendre d’un récit que je juge délirant d’un bout à l’autre. Je vous engage à changer de regard".

Pdte à Coupat: "Quelque part vous exercez votre droit au silence ?" Elle explique que le procès est basé sur les éléments de procédure, mais qu'il "a pour but de vous permettre vous d’apporter vos propres éléments, et vos déclarations".

Julien Coupat s'enflamme un peu, dénonce une procédure pénale qui "n’a globalement pas changé depuis le 15e siècle", et "provient toute entière de l’Inquisition". Pdte: "Alors quand les magistrats se plaignent d'avoir une nouvelle loi chaque année ils ont tort.."

Julien Coupat conclut: "Nous avons mis notre argent en commun pour vivre dans une ferme". #Tarnac

Benjamin Rosoux explique qu'il y a une route qui passe devant le Goutailloux, que l'agent de la DCRI n'était pas obligé de faire "une approche piétonne" pour prendre des photos. "On a l’impression d’être dans la jungle sur une base arrière des FARC ».

Interrogé sur le projet #Tarnac, Benjamin Rosoux se renferme: il évoque ses 4 jours de garde à vue, sa détention, 1 an d'assignation à résidence... "Je suis ici pour un refus de prélèvement d'ADN, je ne vais pas me soumettre à des questions comme cela." Ce que regrette la pdte.

Diatribe de Mathieu Burnel pour expliquer que leurs déclarations initiales "c'est n'importe quoi", il compare les conditions d'interpellation et de gav à la torture, reconnait qu'il a parfois "fait le malin", et que les policiers ont de toute façon mal retranscrit leurs propos.

Mathieu Burnel parle beaucoup, mais sans répondre aux questions regrette la pdte Corinne Goetzmann.
"-On ne répond pas à Vos questions!
- C’est le tribunal qui pose les questions..."
#Tarnac

Bertrand Deveaud lui explique simplement pourquoi il ne « se reconnait pas » dans le PV d’audition, rédigé à la fin d’une « conversation », tantôt sous « pression » tantôt « sympa ». Et qu’il n’a pu contester la retranscription de ses propos, pas même les fautes d’orthographes.

On arrive au séjour à New York de J.Coupat et Y. Levy. Janvier 2008. Passage clandestin de la frontière "pas le plus commode" fait la pte, qui relève qu'YL a pris bc de photos de paysages, musées. L'enquête se focalise sur 5 photos d'un centre de l'armée et d'un bureau de police.

Y. Levy raconte "un séjour en amoureux". "On se retrouve dans une soirée sur les lutte autochtones au Canada (...), on leur explique qu'on ne veut pas aller aux Etats-Unis à cause de la biométrie, ils explosent de rire, nous disent que cette frontière est une passoire".

Yldune Levy: "ça nous fait rire, on se dit on y va, on verra bien ce qui se passe". Ils font plutôt figure de "branquignoles qui passent la frontière, on glisse dans la neige on n'est pas équipés".

A New-York Yldune Levy raconte qu'ils trouvent facilement des contacts dans le mouvement "anti globalisation", et passent du temps à discuter. Mais rien d'une "réunion conspirative d’anarchistes qui préparaient des attentats contre la SNCF?" demande la pdte. La prévenue se marre.

Pour Y. Lévy, c'est la présence de l'agent infiltré Mark Kennedy qui suscite l'intérêt du FBI pour cette "réunion d'anarchistes". Me Timoczko rappelle qu'au Royaume-Uni 2 procédures basées sur ses récits ont été annulées et qu'il a fait l'objet d'une enquête parlementaire.

A J.Coupat de raconter ce voyage américain. Donc long dégagement sur les contrôles biométriques, son engagement, gommé dans l'enquête "de manière assez foucaldienne"... parfois même lui s'y perd. Bref ils y ont retrouvé des amis anti globalisation pour des échanges politiques.

J. Coupat tourne en dérision la "liste de courses" qui figure parmi les éléments à charge. Gants 25 000 W(sans doute pour Volt), tubes + ficelle... mais aussi caban, livres. Il explique qu'à #Tarnac, il allait souvent en ville et prenait les commissions des habitants de la ferme.

J. Coupat sur la "liste de course": "Il faut toute la capacité de lecture opportune et paranoïaque des services de renseignement pour y voir un kit de sabotages".

On commence l’enquête préliminaire, ouverte en avril 2008. 1ers actes en juillet.
"On n’a donc pas le sentiment qu’il y avait une urgence absolue" note la pdte. Des surveillances n'apportent pas d'éléments.

Le fait que Julien Coupat ne possède pas de portable parait significatif pour les enquêteurs. Dans des conversations téléphoniques, il est parfois désigné comme "la baleine". Exemple
- Est-ce que tu es un animal aquatique ?
- Oui
- Quand est ce que tu viens nager dans nos lacs ?

Les enquêteurs en déduisent que Julien Coupat est "particulièrement méfiant". Il semble aussi vouloir "déjouer toute surveillance". En tous cas, il les sème dans le métro.

Pour Julien Coupat, les agents sont parfois très repérables. Comme cette policière "déguisée en Inspecteur Gadget, avec un imperméable noir, à un mètre de moi qui parle dans le revers de son col de vêtement".

Procès #Tarnac: on en vient à l'association de malfaiteurs, reprochée à 4 prévenus dont Julien Coupat, et caractérisée par leur participation à des manifestations violentes en Allemagne et en Grèce.

La pdte fait un rapport assez critique du dossier pour le moment. Elle souligne que lors des manifestations visées en Allemagne, il y a eu de nombreuses interpellations pour des violences mais d'aucun des prévenus.

En revanche à Vichy 3 nov 2008, Julien Coupat est bien identifié, semble mener un petit groupe qui tient tête aux forces de l'ordre. Il chante "Nicolas [Sarkozy] nous voilà" au mégaphone, accroche une corde à une barrière pour forcer un barrage de CRS.

La pdte voudrait montrer une videosurveillance de Vichy, avec des images de la manifestation violente du 3 novembre 2008, mais le fichier refuse de s'ouvrir. #justiceenchantier

A la barre, Bertrand Deveaud, l'air timide. Il reconnait avoir participé à des "réunions", du moins des repas entre amis, pour préparer la manif de Vichy, y compris pour jeter une canette de peinture sur des policiers et avoir amené une corde pour forcer un barrage. #Tarnac

... et B. Deveaud est poursuivi pour association de malfaiteurs. "Si vous êtes renvoyé [devant le tribunal] c'est à cause de la corde" lui explique le procureur Nicolas Renucci. Une corde qui servait donc à tirer le bouclier fixé à un véhicule de police pour forcer le passage.

Bertrand Deveaud: "L’idée était de perturber le sommet, de tirer la barrière pour… parce que tous les ministres [européens] étaient dans la zone derrière, on voulait aller leur signifier que se réunir à Vichy pour parler d’immigration c’est pas correct, c'est révoltant."

Elsa Hauck est poursuivie pour en gros les mêmes faits que B. Deveaud. "On nous poursuit pour des manifestations". Elle a refusé de répondre aux questions mais fait une déclaration.

La pdte rappelle à l'ordre le public du procès #Tarnac qui vient d'applaudir un petit discours lu par Christophe Becker.
Il relèvait l'absurdité d'un procès qui "depuis deux heures parle d'une manif d'il y a dix ans". Puis annonce qu'il ne "se soumettra pas à la question".

Coupat sur le sommet de Vichy: "Je crois que ce jour-là ceux qui ont un tout petit peu sauvé l’honneur de ce pays c’est ceux qui ont fait des centaines de km pour [manifester]. S’il y a des gens qui devraient passer en procès (...) ce sont les gens qui se sont réunis ce jour là".

La pdte à Coupat: "J’ai un peu l’impression que comme le début de cette audience vous tournez autour du sujet (...) On n’a pas le droit pour faire passer ses idées de commettre des dégradations".

Coupat: "Il est impossible de briser un cordon de CRS avec une pauvre corde". Il affirme qu'il s'agissait d'un "élément de jeu populaire, ludique et non offensif", "quelque chose de l’ordre d’Interville".

Julien Coupat fait une digression sur le fait que "la totalité des magistrats français ont prêté allégeance au maréchal Pétain", et que donc si je comprends bien les magistrats actuels ne peuvent pas comprendre l'émotion suscitée par le sommet sur l'immigration de 2008...

Corinne Goetzmann à Coupat: Est-ce à dire que vous imputez au tribunal l’absence d’indépendance dont ont fait preuve d’autres magistrats ? (...) Ce n’est pas parce qu’on est magistrat qu’on est dépourvu de tout sens civique et de tout raisonnement".

Fin du LT #Tarnac ce soir.