Thread by @mr_matth

[#Thread] Depuis 24h, je vois passer à peu près tout et n’importe quoi sur la question de la #gratuité des #transports en commun à #Paris et en Ile-de-France. La bonne nouvelle, c’est que le débat que voulait lancer @Anne_Hidalgo est effectivement lancé.

D’abord, quelques précisions – à l’attention toute particulière de la droite parisienne, d'un certain M. GrivBIIIP, du Figaro, de l’Opinion et j’en passe – sur ce qu’a réellement dit / annoncé la Maire de Paris.

Non, Anne Hidalgo n’a pas décidé de rendre gratuits les transports en commun. Elle a décidé de lancer une étude sur la question de la gratuité, afin d’objectiver ce sujet qui revient régulièrement dans le débat public.

Figurez-vous, d’ailleurs, que c’est le titre de son communiqué, envoyé lundi soir pour annoncer la démarche : "Une étude pour objectiver le débat sur la gratuité des transports en commun". On peut difficilement faire plus clair. 🙄

"Oui mais quand on lance une étude, c’est qu’on a décidé de le faire, gnagnagna", répondront les experts du commentaire des décisions politiques qu’ils ne prennent pas.

Toujours dans ce communiqué (d’où l’intérêt de le lire avant de réagir), juste en dessous du titre, le chapô indique : "Il ne s’agit pas de trancher ce sujet aujourd’hui, mais d’objectiver le débat, en particulier en analysant s’il existe un modèle économique viable."

"S’il existe un modèle économique viable."

[Instant langue française] "S’ " est la contraction de "Si". "Si" est assimilable à "dans le cas où", "à condition que", "supposé que". Il s’agit d’une conjonction qui introduit… une condition. Dans le cas présent, la condition est l’existence d’un "modèle économique viable".

Existe-t-il un modèle économique viable pour mettre en place la gratuité ? Encore et toujours dans ce communiqué, Anne Hidalgo déclare : "Rien ne dit aujourd’hui que cela est possible". Et je vous le donne en mille : c’est justement l’intérêt de faire une étude ! Tadaaaaaa 🎆

"Oui mais la gratuité ça n’existe pas, il y a toujours quelqu’un qui paye, gnagnagna", répondront ceux qui tiennent quand même à polémiquer dès maintenant, sans attendre le résultat de l’étude. 🤦‍♂️

Tu as raison petit padawan ! D’ailleurs, toujours dans ce communiqué, Anne Hidalgo indique : "La gratuité pour l’usager implique forcément d’identifier d’autres sources de financement pour supporter le coût des transports en commun". Mince alors, vous dites la même chose ! 👏

Maintenant que ces deux points sont réglés, attendons peut-être que cette étude – qui associera les élus parisiens de la majorité ET de l’opposition, qui fera appel à des experts français et étrangers – soit rendue ? Adeptes du rabat-joie-isme : il sera alors tjs temps de râler.

Je termine par une question, afin de contribuer dans ma modeste mesure au débat de fond (et j’espère énerver au passage quelques trolls, sans quoi ma journée ne sera que tristesse 😇).

Aujourd’hui, en Ile-de-France, les transports en commun (9Mds€ par an) sont financés par les contributions des entreprises (60%), par les usagers (28%) et par l’Etat et les collectivités - donc par nos impôts (12%).

Pour prendre les transports en commun, chaque usager doit donc contribuer au financement du réseau, en payant un ticket (1,8€) ou en prenant un abonnement Navigo (75€ par mois). Les tenants du "faut rien changer", trouvent cette répartition NORMALE et JUSTE.

Toujours en Ile-de-France, le réseau routier est lui financé à 100% par l’Etat et les collectivités, donc par nos impôts, à l’exception des quelques axes autoroutiers concédés à des entreprises.

Pour prendre une départementale, une nationale, le périphérique et l’essentiel des axes autoroutiers de la Métropole du Grand Paris, chaque usager doit payer…. rien du tout. Il n’apporte aucune contribution au financement du réseau routier. Pour lui, c'est "gratuit".

"La gratuité n’existe pas, il y a tjs qqun qui paye, gnagnagna", comme diraient certains. Effectivement... ce sont nos impôts qui payent les routes utilisées par les automobilistes. Mais là encore, les tenants du "faut rien changer" trouvent cette répartition NORMALE et JUSTE. 🤔

Sachant que la Métropole du Grand Paris est un territoire à la fois très dense et très bien pourvu en transports en commun (à la différence notable de la Grande couronne), qu’il s’agisse des bus, du métro, du RER et des Transiliens.

Sachant que la pollution de l’air fait 6 500 morts par an dans le Grand Paris, et que toutes les études démontrent que sur ce territoire la première source de pollution de l’air est le trafic routier.

Sachant que nous avons aussi la responsabilité de réduire nos émissions de CO2 pour lutter contre le changement climatique, qui est devenu une réalité quotidienne : deux crues décennales en deux ans, quatre pics de canicule, des chutes de neige d’une rare intensité.

Sachant donc tout ça, est-il juste qu’en 2018 les transports en commun soient payants pour leurs usagers quand la route est gratuite pour ses usagers ?

N’y-a-t-il pas un changement de paradigme (j’adore placer le mot "paradigme", ça fait classe) à opérer dans une zone urbaine dense comme la Métropole du Grand Paris ?

Ne doit-on pas imaginer d’inverser notre modèle, en rendant gratuits les transports en commun qui ont de nombreux avantages pour notre société, et en rendant payants les axes routiers qui ont eux de nombreux désavantages ?

Je n’ai pas la réponse. Mais j’ai hâte de lire cette étude commandée par la Maire de Paris qui permettra d’avoir enfin des données factuelles en main pour se faire un avis. 😉