C’est l’histoire de ce type qui, en pleine guerre du Viêt Nam, se voit confier la mission de s’enfoncer au fond de la jungle afin de retrouver et d’exécuter un colonel qui, ayant pris la tête d’un groupe d’indigènes locaux, échappe désormais à tout contrôle. #Thread
Si vous avez vu Apocalypse Now, ce scénario vous dit sans doute quelque chose.
Le colonel c’est Walter Kutz (Marlon Brando), ce chef militaire d’exception qui est devenu une sorte de demi-dieu pour son armée de Montagnards (a.k.a. les Degars).
Eh bien figurez-vous qu’un type qui ressemble à s’y méprendre au colonel Kutz a vraiment existé : c’est le capitaine Arthur Barry Petersen.
L’histoire commence en 1963, lorsque la CIA, bien avant l’intervention militaire officielle des États-Unis au Viet Nam et dans le plus grand secret, décide de former les Dégars à la guérilla pour contrer la menace viet-cong.
Les Degars, c’est une minorité ethnique qui vit principalement dans les montagnes du sud du Viet Nam — notamment dans la province de Đắk Lắk, à côté de la frontière du Cambodge.
Pourquoi eux ?
Eh bien principalement parce qu’ils détestent les vietnamiens.
Il faut savoir que, jusqu’à la période coloniale française, les vietnamiens des côtes évitaient soigneusement ces montagnes à cause de la jungle et de la faune locale (des tigres), d’une part, mais aussi, à cause des Degars qui sont considérés comme des sauvages.
Juste pour vous situer les gars : en 1937, un chef Dégar avait déclaré que sa fille avait donné le jour à un python ; signe qui a été interprété comme l’avènement du Dieu Python, envoyé pour rendre les Dégars invincibles et les aider à dégager les étrangers.
Ça a donné lieu à un joyeux bain de sang et convaincu tout le monde — le gouvernent colonial en tête — qu’il valait mieux laisser ces gars-là tranquilles dans leurs montages.
Sauf qu’à partir de 1955, après l’indépendance, le gouvernement de l’État du Viet Nam se met en tête d’installer des colons sur leurs terres et de les assimiler de force.
Et ça, vous l’avez deviné, les Degars apprécient moyen (et c’est un euphémisme).
D’où le plan de la CIA en 1963 : utiliser cette colère contre les viets en général et contre les viet-congs en particulier.
Reste un problème : trouver un mec capable de canaliser des Degars chauffés à blanc et assez barré pour accepter ce genre de mission.
Coup de bol, ils ont ça sous la main : c’est un australien fraîchement recruté par l’Australian Army Training Team Vietnam qui a, par ailleurs, une bonne expérience des tribus de la péninsule Malaise.
C’est le capitaine Arthur Barry Petersen.
En août 1963, Peterson débarque sur zone et fait rapidement preuve d’une efficacité stupéfiante.
Son truc, c’est d’apprendre la langue et de s’imprégner des coutumes des Dégars. Il le fait si bien que, dès 1964, il a formé une petite armée de plusieurs centaines de gars.
Au début, le rôle de ce qui est officiellement connu sous le nom de force Truong Son se limite à du renseignement et la protection des villages Dégars contre les communistes. Mais quand les États-Unis rentrent en guerre, Peterson passe en mode guérilla.
Une de leurs cibles, évidemment, c’est la fameuse piste Hồ Chí Minh qui permet au Viêt-Cong d’approvisionner l’effort de guerre au sud : la force Truong Son de Peterson se révèle très vite d’une agressivité et d’une efficacité remarquable.
Non seulement ils occasionnent des pertes humaines et matérielles monstrueuses dans les rangs ennemis mais ils ne subissent, de leur côté que des pertes minimes.
C’est une des meilleures unités ricaines au Viet Nam si ça n’est pas la meilleure.
Clairement, les viet-congs les craignent comme la peste, le choléra et le typhus réunis. C’est à ce moment-là que là que les Degars de la force Truong Son deviennent les ‘Tiger Men’ (les « hommes tigres »), surnom hérité de leurs tenues de camouflage.
Non seulement Peterson se révèle donc être un chef de guerre absolument remarquable mais en plus, il passe maître dans l’art de se faire aimer par ses hommes.
Du point de vue des Dégars, il est celui qui leur apporte la victoire et il est presque l’un des leurs.
En septembre 1964, c’est Peterson lui-même qui sert de conciliateur lors de la révolte de certaines tribus et qui, au péril de sa vie, parvient à unifier tous les chefs de clans. Ça lui vaut une médaille (la Silver Star) mais ça assoie surtout son aura auprès des Dégars.
Le résultat, c’est qu’en 1965 il est à la tête d’une armée de 1 200 hommes qui ne jurent plus que par lui et l’appellent Đăm Săn, du nom d’un guerrier légendaire qui, selon la tradition locale, ne peut être vaincu que par l’Esprit du Soleil. #VoilaVoila
À ce stade, Peterson est devenu une légende. Les journalistes occidentaux qui en ont entendu parler rêvent de le rencontrer (mais n’y arrivent pas) et la seule évocation de son nom de guerre fait frémir de terreur les viet-congs.
Mais là où ça tourne vinaigre, c’est quand la CIA commence à s’inquiéter. Clairement, ils se demandent si ce type qui est devenu une sorte de demi-dieu aux yeux des Dégars et contrôle de fait plusieurs régions du Viet Nam est encore contrôlable.
De fait, quand ils lui demandent de réorganiser ses troupes pour les adapter au programme Phoenix (l’assassinat de sympathisants civils des viet-congs), Peterson les envoie bouler au motif que c’est immoral et que ça mettrait en danger ses hommes.
Là, la CIA flippe carrément et commence à essayer de le désigner en dénonçant le culte de personnalité dont il fait l’objet. Manque de bol, les hommes tigres comme tous les chefs locaux le soutiennent bec et ongles contre l’agence américaine.
Ça va si loin que Peterson apprendra plus tard que la CIA avait carrément envisagé de le faire éliminer physiquement s’il ne finissait pas par obéir aux ordres.
Et c’est justement à ce point de l’histoire que le parallèle avec Apocalypse Now s’arrête.
Relevé de son commandement en août 1965, Peterson accepte la décision de la CIA. Les Dégars lui organisent un pot de départ digne d’un prince et le couvrent de cadeaux.
Ci-dessous c’est lui, en train de faire ses adieux à ses hommes.
Promu au rang de major, Peterson retournera au Viet Nam en avril 1970 avec deux bataillons du Royal Australia Regiment ce qui sera une nouvelle occasion pour lui de démontrer ses talents et sa capacité à mener des hommes.
Mais c’est une autre histoire.
Croyez-le ou non, Francis Ford Coppola ne s’est absolument pas inspiré de cette histoire pour créer le colonel Kurtz d’Apocalypse Now.
Les ressemblances pour le moins frappantes entre le film et l’aventure de Peterson ne sont dues qu’au hasard. #Fin
Le menu, avec plein d’autres petites histoire dans la grande, est ici :
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Fin octobre 1941, les services de renseignement britanniques sont en alerte maximale : il semble que les nazis aient finalement réussit à infiltrer des agents en Angleterre ; on vient d’intercepter les messages du chef de leur réseau, un certain ‘Arabel’. #Thread
Dans ses messages interceptés par les brits, Arabel avertit ses maîtres de l’Abwer (le renseignement militaire nazi) qu’un convoi de la Royal Navy a quitté la baie de Caernarvon, au pays de Galles, et fonce désormais dans l’Atlantique, droit vers le sud.
Détail troublant, néanmoins : ce convoi n’existe pas. Même pas en rêve.
Suis à Chamonix. C’est plein d’étrangers. Des britanniques (en masse), des néerlandais, des allemands, des espagnols, des russes, des japonais, des chinois, des indiens...
Comme je suis un habitué, je peux vous confirmer que tout ce petit monde vient ici pour profiter de la montagne. On les retrouve sur les chemins de moyenne montagne ou, pour les plus sportifs, en haute montagne.
Seule exception : les arabes (les vrais hein, ceux qui viennent de la péninsule). Eux, ils restent en fond de vallée, là où il y a des boutiques de luxe.
En 1996, Alan Sokal, professeur de mathématiques et de physique, a eu une idée amusante : écrire un monument de pseudoscience et le faire publier dans une revue de ‘sciences sociales’ postmoderne. #MiniThread
Le point principal de Sokal, c’est que l’idée selon laquelle il existe une réalité objective, indépendante de nous, dont nous pourrions comprendre les lois grâce à de (« prétendues ») méthodes scientifiques est en réalité un dogme imposé par les intellectuels occidentaux.
Or, note l’auteur, un certain nombre de « percées conceptuelles récentes » montrent que « la ‘réalité’ physique est au fond une construction sociale et linguistique » et que le discours dominant relayé par la communauté scientifique…
Voilà la situation : vous êtes sur une portion d’autoroute limitée à 90 km/h (qui pourrait être, par exemple, l’A51 entre Aix-en-Provence et Marseille, aujourd’hui vers 15h10. [1/x]
Évidemment, comme vous avez un permis de conduire standard, vous respectez cette vitesse maximale scrupuleusement. Genre, vous roulez au régulateur pour être sûr de ne pas vous rendre coupable de violence routière.
Fatalement, la voiture devant vous roule à 85 km/h. Du coup, vous la rattrapez petit à petit et finissez par la doubler sur la voie de gauche (comme il se doit) mais lentement parce que 5 km/h d’écart ça ne fait pas une grosse différence.
Pour celles et ceux qui s’intéressent à la guerre du Vietnam, je ne saurais que trop recommander 'The Vietnam War: A Film by Ken Burns and Lynn Novick' sur Netflix. C'est magnifiquement fait et extraordinairement intéressant.
De l’aide militaire apportée par Truman au français dès septembre 1950 à la chute de Saigon en avril 1975, les États-Unis sont quand même restés dans ce bourbier pendant près de 25 ans et sous 6 présidents (Truman, Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon et Ford.)
En terme d’engagement de troupes sur place, on est passé des 900 ‘conseillers’ d’Eisenhower, à 16 000 gars à la mort de JFK puis à — tenez-vous bien — 543 482 hommes et femmes à la fin de la présidence de Lyndon Johnson.