Timothy Dexter est né le 22 janvier 1747 à Malden (Massachusetts) et il est mort le 23 octobre 1806 à Newburyport (Massachusetts aussi). Entre temps, il a constitué une des plus belles fortunes de la côte est des États-Unis. #Thread
Ce que son histoire a de remarquable, c’est que Dexter est un fils de fermier qui a quitté l’école à 8 ans pour aider ses parents avant de devenir apprenti maroquinier à Boston.
C’est-à-dire qu’il n’était pas très cultivé (euphémisme : il savait à peine lire et écrire).
Mais surtout, Dexter était bête à bouffer du foin, incroyablement imbu de sa petite personne et, pour compléter ce portait flatteur, c’était un parfait enfoiré.
Il restera dans l’histoire comme l’un des premiers grands weirdos de l’histoire des États-Unis.
Comment un fils de fermier parfaitement stupide peut-il devenir un des types les plus riches des États-Unis ? Eh bien en ayant une chance absolument hallucinante.
(Je précise ici que ce qui suit tient sans doute en partie de la légende : impossible de vérifier.)
C’est probablement vers 1768, une fois son apprentissage fini, qu’il se met à son propre compte à Charlestown, au nord de Boston. C’est là qu’il rencontre sa future épouse, Elizabeth, la veuve d’un de ses anciens associés.
Il l’épouse le 22 mai 1770. Pas parce qu’il l’aime ou parce qu’elle est jolie : le principal intérêt d’Elizabeth, aux yeux de Dexter, c’est qu’elle est riche. Grâce à elle, il ouvre son propre magasin de gants en cuir et commence à développer ses affaires.
Chemin faisant, Dexter développe une obsession : se faire accepter par la bourgeoisie des beaux quartiers de Boston — ce qui, étant donné son manque total d’éducation et son sens moral plus que fluctuant n’est pas sans poser quelques difficultés.
C’est la fin de la guerre d’indépendance (1775-1783) qui va lui donner une occasion en or de se faire bien voir. À l’époque, les forces des colons américains sont payées avec des Continental Dollars, la première monnaie papier d’Amérique.
Or, quand c’est souvent le cas, le Congrès en a émis des quantités phénoménales de telles sorte qu’après sept années de guerre, les pauvres colons se retrouvaient avec un tas de papier sans aucune valeur.
Du coup, pour tenter de restaurer la confiance du public et faire, au passage, une bonne action les gens en vue de Boston (à commencer par John Hancock et Thomas Russel) vont se mettre à racheter des Continental Dollars.
Quand il apprend ça, Dexter décide de faire lui-aussi œuvre de charité et de patriotisme mais, pour être sûr que le message passe bien, il fait ça massivement : il engage presque toutes ses économies pour racheter des tombereaux de Continental Dollars.
Évidemment, c’est complètement stupide et ça n’échappe à personne : le type est en train de parier toute sa vie (et celle de sa famille) sur l’hypothèse hautement improbable que ces billets auront un jour une valeur.
Sauf que là, miracle : le 4 août 1790, le gouvernement fédéral décide finalement que les Continentals peuvent être échangés à raison de $100 contre $1 d’obligations fédérales.
Le résultat, c’est que Dexter devient immensément riche du jour au lendemain.
Malheureusement, même fortune faite, Dexter n’arrive toujours pas à se faire accepter par la bonne société de Boston. Il en conclue donc logiquement que ça tient au caractère des bostoniens et décide de s’installer à Newburyport dans le Massachusetts.
Sur place, il fait l’acquisition d’une demeure somptueuse qu’il fait décorer à grands frais et avec un mauvais goût qui ferait passer le weirdos qui occupe la Maison Blanche actuellement pour un esthète.
Mais le plus fort, c’est le jardin : outre un arc de triomphe devant la porte, il y fait ériger pas moins de 40 statues king size représentants les pères fondateurs mais aussi Bonaparte, un chef indien, George IV, Lord Nelson… et au milieu, bien sûr, lui-même.
No kidding, ça ressemble à ça :
Sous la statue de sa vénérable personne on peut lire « Je suis le premier dans l’Est, le premier dans l’Ouest et le plus grand philosophe du monde occidental. »
Vous imaginez bien que le château de Dexter devient vite une attraction locale (i.e. tout le monde est mort de rire) mais lui, pendant ce temps-là, décide de se consacrer à ses affaires.
C’est là que la légende de Dexter commence vraiment.
Un beau jour, un voisin qui ne lui voulait sans doute pas que du bien lui aurait conseillé de vendre des chauffe-lits aux Antilles (oui, aux Antilles). Dexter trouve l’idée géniale et en achète pas moins de 42 000 et les expédient à bord de neuf bateaux.
Évidemment, tout le monde se marre… Sauf que le capitaine à qui il a confié cette cargaison a une idée de génie : vendre la cargaison aux producteurs de mélasse locaux en expliquant que ce sont des grandes louches.
Aussi invraisemblable que ça puisse paraître, c’est un énorme succès : Dexter revend ses ‘louches’ avec une marge indécente et devient encore plus riche.
Un autre blagueur lui conseille un jour de « vendre du charbon à Newcastle » — en anglais, Newcastle disposant d’une des plus grandes mines de charbon d’Angleterre, c’est une expression qui signifie grosso modo « faire quelque chose de complètement absurde ».
Mais comme Dexter n’en sait absolument rien, il prend le conseil au sérieux et affrète un bateau chargé de charbon pour Newcastle.
Et là, alors que sa cargaison est en mer, les mineurs de Newcastle se mettent miraculeusement en grève.
Une fois de plus, il fait un profit monstrueux et rentre à la maison avec un baril* et demi d’argent.
(*) Oui, il stocke son argent dans des barils.
À force, Dexter commence à comprendre les principes de base du commerce et décide de se lancer dans un nouveau truc formidable dont il vient de découvrir l’existence : la « spekkelation » (il voulait dire la « spéculation »).
Parmi ses grand coups, on compte notamment l’achat de 340 tonnes d’os de baleines pour squeezer le marché. Évidemment tout le monde se moque de lui… jusqu’à ce que la mode des corsets débarque d’Europe.
Encore une fois, il fait un énorme profit.
Toujours sur les conseils de ses bons *amis*, il aurait aussi exporté des gants de laine aux Antilles (coup de bol : des marchands asiatiques lui achètent le stock pour l’envoyer en Sibérie), des chats aux Caraïbes (coup de bol : il y a une invasion de rats)…
… des gants de marins en Polynésie (un bateau portugais en partance pour la Chine lui prend le tout) et des bibles aux Antilles après avoir expliqué aux locaux que s’ils n’en achetaient pas, ils iraient en enfer.
À chaque fois, il s’en sort.
À ce stade, Dexter est une célébrité dans tout l’est des États-Unis et il brûle plus que jamais d’être accepté par cette haute société qui s’obstine (bizarrement) à le mépriser totalement.
Il achète une bibliothèque entière de bouquins, se constitue une galerie de tableaux, s’entoure de tous les excentriques assez barrés pour supporter sa présence, se déclare tout à tour philosophe, historien, poète et, finalement, s’autoproclame Lord.
Rien n’y fait : à part quelques weirdos, personne ne veut le fréquenter.
De guerre lasse, Dexter tente un coup génial : il va simuler sa propre mort pour voir comment les gens réagissent.
Il se fait construire un véritable mausolée, un cercueil du plus bel acajou disponible et ordonne à quelques hommes de confiance de répandre la triste nouvelle urbi et orbi.
Pas moins de 3 000 personnes se présentent aux funérailles (qui sont, il est vrai, arrosées d’excellents vins) : Dexter, qui observe ça planqué dans un coin, est absolument ravi… jusqu’à ce qu’il aperçoive sa femme qui, au lieu de pleurer, se marre.
Fou furieux, il l’attrape discrètement dans la cuisine et lui met une raclée… au moment où un groupe de ses invités rentre dans la pièce.
Et là, comme si tout était normal, notre Lord Dexter désormais ressuscité part tranquillement faire la fête avec les autres.
Sur la fin de sa vie, il se lance dans l’écriture d’un livre titré pompeusement *A Pickle for the Knowing Ones, or Plain Truths in a Homespun Dress* — ne cherchez pas, ça ne veut absolument rien dire ; pas plus que le contenu du bouquin d’ailleurs.
Évidemment, tout le monde rigole. Outre le fond qui échappe à la compréhension du commun des mortels, le bouquin est parfaitement illisible : c’est bourré de fautes d’orthographe et, pour une raison étrange, il a mis tous les signes de ponctuation en un bloc à la fin. #WTF ?
Mais tout le monde rigole tellement que tout le monde veut acheter le bouquin pour continuer à rire.
Du coup, l’œuvre de Lord Dexter sera rééditée huit fois : c’est le dernier grand succès du ‘plus grand philosophe du monde occidental’. #Fin
On rappelle ici aux nouveaux que la liste des hiloires rigolotes est ici :
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Fin octobre 1941, les services de renseignement britanniques sont en alerte maximale : il semble que les nazis aient finalement réussit à infiltrer des agents en Angleterre ; on vient d’intercepter les messages du chef de leur réseau, un certain ‘Arabel’. #Thread
Dans ses messages interceptés par les brits, Arabel avertit ses maîtres de l’Abwer (le renseignement militaire nazi) qu’un convoi de la Royal Navy a quitté la baie de Caernarvon, au pays de Galles, et fonce désormais dans l’Atlantique, droit vers le sud.
Détail troublant, néanmoins : ce convoi n’existe pas. Même pas en rêve.
Suis à Chamonix. C’est plein d’étrangers. Des britanniques (en masse), des néerlandais, des allemands, des espagnols, des russes, des japonais, des chinois, des indiens...
Comme je suis un habitué, je peux vous confirmer que tout ce petit monde vient ici pour profiter de la montagne. On les retrouve sur les chemins de moyenne montagne ou, pour les plus sportifs, en haute montagne.
Seule exception : les arabes (les vrais hein, ceux qui viennent de la péninsule). Eux, ils restent en fond de vallée, là où il y a des boutiques de luxe.
En 1996, Alan Sokal, professeur de mathématiques et de physique, a eu une idée amusante : écrire un monument de pseudoscience et le faire publier dans une revue de ‘sciences sociales’ postmoderne. #MiniThread
Le point principal de Sokal, c’est que l’idée selon laquelle il existe une réalité objective, indépendante de nous, dont nous pourrions comprendre les lois grâce à de (« prétendues ») méthodes scientifiques est en réalité un dogme imposé par les intellectuels occidentaux.
Or, note l’auteur, un certain nombre de « percées conceptuelles récentes » montrent que « la ‘réalité’ physique est au fond une construction sociale et linguistique » et que le discours dominant relayé par la communauté scientifique…
Voilà la situation : vous êtes sur une portion d’autoroute limitée à 90 km/h (qui pourrait être, par exemple, l’A51 entre Aix-en-Provence et Marseille, aujourd’hui vers 15h10. [1/x]
Évidemment, comme vous avez un permis de conduire standard, vous respectez cette vitesse maximale scrupuleusement. Genre, vous roulez au régulateur pour être sûr de ne pas vous rendre coupable de violence routière.
Fatalement, la voiture devant vous roule à 85 km/h. Du coup, vous la rattrapez petit à petit et finissez par la doubler sur la voie de gauche (comme il se doit) mais lentement parce que 5 km/h d’écart ça ne fait pas une grosse différence.
Pour celles et ceux qui s’intéressent à la guerre du Vietnam, je ne saurais que trop recommander 'The Vietnam War: A Film by Ken Burns and Lynn Novick' sur Netflix. C'est magnifiquement fait et extraordinairement intéressant.
De l’aide militaire apportée par Truman au français dès septembre 1950 à la chute de Saigon en avril 1975, les États-Unis sont quand même restés dans ce bourbier pendant près de 25 ans et sous 6 présidents (Truman, Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon et Ford.)
En terme d’engagement de troupes sur place, on est passé des 900 ‘conseillers’ d’Eisenhower, à 16 000 gars à la mort de JFK puis à — tenez-vous bien — 543 482 hommes et femmes à la fin de la présidence de Lyndon Johnson.