Ne nous y trompons pas. Ce qui se passe en #Italie est grave et aura des répercussions dans toute l'Europe. Immédiatement, j'entends ceux qui clament bêtement "respectons le choix des Italiens, c'est la légitimité démocratique" 1/
2/ Pour la première fois dans un pays fondateur de l'UE, deux partis que tout sépare SAUF la critique contre l'Europe et la "dénonciation du système", vont gouverner. La lecture de leur contrat de gouvernement est inquiétante.
3/ Je doute qu'une majorité d'Italiens ait voté pour cela. D'abord, plusieurs journalistes soulignent l'amateurisme de ce programme, le flou et le langage bureaucratique utilisé. Mais c'est surtout sur le fond...
4/ L'interdiction des francs-maçons au gouvernement a retenu l'attention internationale. C'est évidemment scandaleux dans une démocratie occidentale censée respecter les droits individuels. Résurgence fasciste ?
Mais le programme économique n'est pas plus encourageant.
5/ En synthèse : baisse des impôts, mise en place d'un revenu de citoyenneté, hausse des salaires. Quid du financement ? Rien là-dessus à part que le gouvernement rejettera les pressions austéritaires de la Commission et n'hésitera pas à remettre en cause les règles européennes !
6/ Di Maio (M5S) et Salvini (Ligue), qui clament en choeur "Italie d'abord", annoncent d'ores et déjà qu'ils n'hésiteront pas à "revoir le cadre de la gouvernance économique", y compris la monnaie unique. Au moment où l'Europe retrouve une croissance économique solide...
7/ Les mesures ouvertement anti-Islam et anti-immigration retiennent également l'attention même si, là encore, les actions concrètes sont pour le moins floues.
C'est bien une alliance contre-nature entre le M5S, parti populiste, sans colonne vertébrale idéologique et...
8/ la Ligue (ex-Ligue du Nord), parti régionaliste qui souhaitait il y a encore peu l'indépendance des provinces du Nord du pays, et qui désormais surfe sur une rhétorique nationaliste et "virile". Le système politique italien étant par nature instable, rien ne garantit la durée
9/ de ce gouvernement qui va être dirigé par le juriste reconnu mais inconnu Giuseppe Conte. Ce dernier, non élu, passera logiquement pour un technocrate. Certains observateurs italiens craignent surtout son effacement face à Merkel et Macron.
10/ Plus que jamais, le couple franco-allemand doit se renforcer et vite. L'Europe risque de tanguer dans les prochains mois car l'Italie est la 3e économie de l'UE (et donc de la zone Euro). Son poids est réel même si son influence s'est réduite au cours des dernières années.
11/ Le plus triste (les partis traditionnels sont responsables), c'est de voir que les courants populistes-nationalistes arrivent désormais au pouvoir en Europe de l'ouest. Des nuages bien sombres s'annoncent de l'autre côté des Alpes...
FIN
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
La place qu'occupe le #Vénézuela dans le débat français est disproportionnée et ne tient qu'à un mouvement politique qui voit dans ce pays ruiné, violent, corrompu et autocratique un "modèle", continuant de le défendre au prix de mensonges répétés comme des mantras. 1/
2/ Ce phénomène est en partie lié à une certaine fascination française pour les révolutionnaires d'Amérique Latine. Après Cuba, ce devait être le Vénézuela... Sauf que c'est un échec de plus dans la longue liste des tentatives socialistes...
3/...Et en plus, celle-ci pouvait se financer lorsque les cours du pétrole étaient hauts. Mais plutôt que de défendre l'indéfendable au prix de toutes les circonvolutions vaseuses, pourquoi les partisans d'une gauche engagée ne regardent-ils pas ailleurs ?
#Thread en réaction au rapport #Oxfam intitulé "CAC 40, des profits sans partage". Comme toujours avec ces "études", un message choc et 2-3 chiffres clés pour être sûr d'être repris par la presse. 1/
2/ Le message est ici très simple : entre 2009 et 2016, sur 100 euros de bénéfices, les entreprises du CAC 40 ont versé en moyenne 67,4 euros de dividendes aux actionnaires, 27,3 euros pour le réinvestissement et... 5,3 euros pour les salariés.
3/ Moralité explicite : les grands groupes français, plutôt que d'investir ou de verser une rémunération complémentaire à leurs salariés, privilégient le capital et les actionnaires. Dans un climat social tendu, voilà un thème "porteur"...