Cette infographie m'inspire. Moi aussi je veux faire des petits graphes colorés ! Alors c'est parti sur un petit thread #EnR et #transitionénergétique.
Mais je vais opposer l'#éolien non pas au #nucléaire... Mais à la consommation.
La question était de savoir ce que représentent les EnR par rapport a la consommation électrique, et le potentiel de celles-ci pour satisfaire cette dernière. Notamment au travers du développement de l'éolien. Exclusivement par ce biais, en fait.
Du coup, j'ai repris mon petit @eCO2mixRTE, j'ai téléchargé les données brutes, et j'ai joué un peu.
Bon, j'allais pas le faire sur toute l'année, ça aurait donné des graphes illisibles. Enfin, encore plus illisibles que ce que je vais vous présenter.
Du coup, je me suis borné a un mois. Lequel ? Je voulais éviter les cas un peu trop extrêmes : pas l'été (éolien désastreux) ni l'hiver (consommation explosive). Mi-saison, donc.
J'ai arrêté mon choix, un peu arbitrairement, sur octobre dernier.
Pourquoi ? Parce que c'est en octobre que les médias se sont émus d'un grand nombre de réacteurs nucléaires a l'arrêt.
On s'est passés d'une bonne part de notre parc nucléaire ce mois là ; c'est donc un bon point d'entrée pour imaginer s'en passer de la totalité, non ?
Du coup, en octobre 2017, j'ai sommé les productions EnR, demi-heure par demi-heure.
Éolien+solaire+bioénergies+hydroélectricité d'une part, consommation d'autre part.
Bilan :
Bon. C'est pas folichon. On comprend que pour le moment, on a besoin du nucléaire et des fossiles. Voire même des imports.
Parce que oui, au final, ces courbes, c'est le mix électrique retranché des fossiles, du nucléaire, du stockage et des échanges.
Partant de cette courbe, j'ai appliqué des facteurs multiplicatifs a la production éolienne. De manière uniforme, chaque demi-heure, je multiplie la production éolienne par n.
Je fais comme si c'était ce qui se produirait si on multipliait bêtement la puissance installée par n.
Du coup, je multiplie comme un bourrin le parc éolien par 2. Je le fais passer de 12800 MW à plus de 25 GW.
Y'a du mieux, mais c'est pas le Pérou.
Je pousse un peu. Avec un facteur 5 sur le parc éolien, je vois que dans certains cas, les weekends bien venteux, je peux satisfaire la demande.
C'est encore un peu léger.
Changement d'approche : "Par combien dois-je multiplier pour satisfaire la demande au moins 10% du temps ?"
Il faut comprendre "une demi heure sur 10", mais pas forcément consécutive du tout. Ça peut aussi bien être 3 jours non-stop et plus rien ensuite...
Que une demi-heure toutes les 3h, et ce pendant tout le mois.
Satisfaire la demande 10% du temps.
Puis 20%. 50%. 90% !
Le résultat est là.
En violet clair, sur l'axe de droite, vous avez la puissance éolienne installée, obtenue en multipliant mes 12800 MW initiaux par le facteur n que j'ai trouvé.
Et en rouge et vert, sur l'axe de gauche, la quantité d'énergie excédentaire que j'aurai cumulé en satisfaisant un peu trop la demande, et les déficits que j'aurais eu en ne la satisfaisant pas.
En gros, les quantités d'énergie a exporter/stocker/perdre, et a importer/déstocker.
Par exemple, pour couvrir 10% de la demande, je vois qu'il m'aurait fallu - modestement - avoir 100 GW d'éoliennes !
Et importer un joli paquet de 16 TWh en un mois. L'équivalent de... La production mensuelle d'une trentaine de réacteurs nucléaires 😮
À quoi il ressemble, mon mix électrique, dans ces conditions ? À ça.
Une consommation autour de 50 GW, et jusqu'à... 50 GW de déficit, 60 GW d'excédent. L'enfer. Ni exportable, ni stockable, ingérable. Et j'ai visé seulement 10% de la demande !
Si j'ambitionne, disons... Les deux tiers de la demande ? On va dire 70%, parce que j'ai fait mes calculs par palier de 10% 😁
Bah yaka trouver 350 GW d'éolien et fokon trouve quoi faire de nos 30 TWh de trop.
Avec notamment des pics de 150 GW a évacuer 😱
Pour la surproduction, on pourrait avoir envie de juste mettre les éoliennes a l'arrêt quand on n'en a pas besoin...
Certes, mais vous allez dire quoi a l'investisseur qui vous a planté 350 GW de turbines, qui pourraient produire a pleine puissance, et que vous faites stopper ?
Satisfaire la demande actuelle en électricité avec si peu d'énergies pilotables, compter sur l'éolien pour faire tourner la France... Non. Ça va clairement pas être évident.
Bien sûr, mon approche a plein de limites. D'abord, j'oublie le développement du solaire et des bioénergies. Mais le premier est encore plus intermittent donc aggrave les surproductions sans arranger les déficits 🤕
Et les bioénergies, leur potentiel de développement aujourd'hui, je n'irai affirmer qu'il est bien grand. Même si on atteignait 10 GW (contre un peu plus d'1 GW aujourd'hui), ça ne chamboulerait pas mon raisonnement.
Autre limite, j'ai pas pris un mois forcément très représentatif... Et surtout pas très exigeant. J'ai pris un mois "moyen", hors, le réseau électrique, on le dimensionne d'après les cas extrêmes, pas les cas moyens, sinon, ce n'est pas du dimensionnement.
Et, probablement la plus grosse limite de cette approche : je raisonne à consommation inchangée. Aussi bien dans son ampleur que dans son profil. Or, ceux qui prétendent nous sortir du nucléaire et des fossiles grâce au vent et au soleil veulent aussi changer la conso.
Mais c'est là que je voulais en venir.
Avec ces quelques images, j'essaye de vous faire visualiser l'ampleur de l'intermittence éolienne, son déphasage avec la consommation et les variations de cette dernière.
Au vu de ces graphes, même en imaginant un potentiel illimité de développement de l'éolien et du solaire... Qui oserait affirmer qu'on peut "modeler" la courbe de consommation au point de la rendre compatible avec ces courbes de production ?
Y'a des moments où le vent, y veut pas. Parfois plusieurs jours de suite. Même avec 100, 300 GW, y'aura des moments de production quasiment nulle.
Qu'est ce qu'on fait, comme changement de la consommation, pour ces moments là ?
J'espère que ces quelques tracés vous permettront d'imprimer plus clairement la notion d'intermittence dont le vilain lobby nucléaire vous rabâche les oreilles 😉
Merci d'avoir tenu jusque là !
Je suis le premier à blâmer, mais y'a eu personne pour me faire remarquer que dans mes graphiques, le solaire n'apparaissait pas du tout.
Alors j'veux bien que le PV en France soit anecdotique, mais pas à ce point x)
Il se trouve qu'au début, j'avais voulu appliquer mon système de coefficient à l'éolien mais aussi au solaire.
Donc j'avais un « [puissance]*[coeff] » sur le solaire aussi.
Et j'ai changé d'avis et au lieu de mettre le coeff à 1... je l'ai supprimé. Aux yeux d'Excel : x0.
Bon, j'vous rassure, ça chamboule pas les résultats, hein. Si c'est passé inaperçu, c'est pas sans raison.
Mais il se trouve que pour notre « score » de 90%; il ne faut plus 900 GW d'éolien, mais à peine 800, avec cette correction ;)
Du coup, voilà les bonnes courbes.
Celle là, c'est sans rien modifier : le mix électrique d'octobre sans nucléaire, fossiles, imports, exports, pompage.
Ah, oui, et, au passage, j'ai changé l'ordre des courbes. Avec notamment les bioénergies, constantes, qui apparaissent vraiment constantes, maintenant ;)
L'éolien par dessus, les pics de solaire encore par-dessus, et le tout surmonté par l'hydroélectricité.
Celle-ci, c'est avec le facteur 5 sur la production éolienne. Rien de neuf : on arrive toujours à satisfaire la demande un week-end bien venteux. Et uniquement ce week-end là.
Maintenant, avec le coefficient approprié pour satisfaire la demande pendant 10% du temps...
Et pour la satisfaire 70% du temps.
Bon, on comprend bien que ce n'est pas le solaire en plus qui va chambouler nos résultats ;)
Et quand on résume tout...
On retombe sur les allures qu'on avait vu.
Ouf !
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Je garde bien en tête que je dois vous parler prochainement de #déchetsnucléaires, mais je me suis dit qu'un petit préliminaire de vocabulaire s'imposait.
À l'origine de ce thread, quelque chose que j'avais lu il y a quelques temps : quelqu'un qui avait peur que les rayonnements qui sortiraient de Cigéo irradient tout le monde aux alentours.
Et là, j'ai bien du admettre que la radioactivité est un concept pour certains fort obscur.
La radioactivité, c'est le phénomène de transformation d'un atome en un autre atome, qu'on appelle décroissance, qui s'accompagne, pour des raisons de conservation de la masse et de l'énergie (rien ne se perd, rien ne se créé, tout ça tout ça ) d'une émission d'une particule.
Bon, aux dernières nouvelles, j'avais laissé un REP sans alimentation externe, sans alimentation interne, sans aide extérieure possible, au bord de l'accident #nucléaire.
Alors, d'abord, une petite déclaration de... Non-intérêt :p
Je ne travaille pas dans le domaine des accidents graves de réacteurs.
Donc je me base sur des souvenirs de cours, essentiellement ^^
Il est par conséquent tout à fait possible que je fasse quelques erreurs, ou quelques omissions ou hypothèses un peu fortes. Mais je ne doute pas qu'on me le fera remarquer, donc il y aura peut-être des errata en fin de thread ;)
Un sujet majeur depuis #Fukushima : et si on perdait toutes les alimentations électriques d'un réacteur ? 😱
Un disclaimer préalable : je vais me focaliser sur les réacteurs français, de type « Réacteur à Eau Pressurisée » (REP). Ce que je vais dire ne sera que très partiellement applicable à d'autres réacteurs, notamment les REB de Fukushima.
Pour commencer, à quoi ça ressemble, un REP, et comment ça fonctionne ?
Je pique à @Framatome_ cet excellent visuel :
L'éolien, c'est un moyen de production d'électricité intermittent. Oui, je malmène sans finesse de pauvres portes ouvertes, mais certains n'en sont pas encore conscient.
On m'y répondit a plusieurs reprises que je raisonnais sur le système fermé franco-français. Et que la transition énergétique, il ne fallait pas la voir comme ça, mais a l'échelle d'un immense maillage du réseau électrique à travers toute l'Europe.