On retrouve ce #grandMalade de La Condamine dans le Pérou du XVIIIe siècle : alors que ses collègues académiciens rentrent en France en empruntant le chemin de l'aller, lui décide de traverser seul le continent d'Ouest en Est en descendant l'Amazone ⬇️🌎
Pour savoir comment il en est arrivé là, vous pouvez lire la première partie de l'histoire ici ⬇️
A cette époque, aucun européen (et peut être même personne du tout) n'a jamais descendu l'Amazone en entier : c'est plutôt du genre très dangereux, avec pas mal de rapides, et la forêt et le fleuve sont sujets à pas mal de légendes qui feraient peur à n'importe qui
Pourquoi choisir de faire ça du coup ? Plusieurs réponses : déjà, La Condamine est un grand frapadingue de l'exploration, et nous l'a déjà prouvé en tenant absolument à identifier (seul) le point d'intersection entre l'équateur et la côte Ouest du Pérou
Mais surtout, à cette époque, aucun occidental n'a réalisé cette traversée du continent en descendant le fleuve. On sait juste qu'un jésuite allemand, Samuel Fritz, en a descendu une partie fin XVII. La Condamine espère sûrement impressionner l'Académie en réalisant ce voyage
Il faut savoir qu'à ce stade, La Condamine a un seum mémorable : à plusieurs reprises lors de l'expédition, il avait pesté contre la lenteur des mesures, redoutant de se faire voler la vedette par l'équipe de Maupertuis.
Et c'est précisément ce qui est arrivé.
Il en parle dès la page 3 de son livre sur l'Amazonie : « Nous sommes arrivés sept ans trop tard pour apprendre à l'Europe quelque chose de nouveau sur la Figure de la Terre »
Et il poursuit sur le même thème "Géodésie & seum mémorable" dans sa « Relation d'un voyage dans l'intérieur de l'Amérique méridionale ». Donc ça + son attrait pour l'aventure = il se lance dans la descente de l'Amazone en solo (avec 2 indiens pour guider et manoeuvrer le canot)
Il établit une carte aussi précise que possible du fleuve et du continent au cours de son voyage, mais étudie aussi les plantes, les arbres, les animaux, les techniques des indigènes, prélève des échantillons etc. Il consignera tout ça dans un livre
Au cours de sa descente, il va notamment s'intéresser à un arbre dont les Indiens utilisent la sève (c'est en fait un arbre à caoutchouc). Il prélève des échantillons pour les rapporter en France (et se fera même un sac avec pour ranger ses affaires et les protéger de l'humidité)
Il découvre également l'arbre quinquina, dont est extraite la quinine et que les Indiens utilisent pour se soigner, ainsi que l'utilisation du curare (il sera particulèrement impressionné par les techniques de chasse à la sarbacane des Indiens d'Amazonie)
Enfin, il décrit de nombreux animaux, et des phénomènes naturels se produisant en milieu tropical, chaque halte étant prétexte à une nouvelle expérience. Et il dessine une carte annotée à main levée pendant sa descente de l'Amazone
Il note tout ce qu'il voit ce qui fait qu'on trouve sur cette carte des mentions trop mignonnes comme par exemple « DES CAMELEONS »
Arrivé au terme de son expédition, à Cayenne, il décide de remonter jusqu'en Guyane hollandaise pour y embarquer, et minimiser sa chance de se faire attaquer par des pirates en embarquant sur un bateau battant pavillon français
La Condamine arrive finalement à Paris le 23 février 1745, et présente ses conclusions devant l'Académie, trop tard pour récolter la gloire de Maupertuis... Mais ses recherches en botanique, géographie, la précision de ses mesures et sa descente de l'Amazone lui valent la gloire
...même s'il prendra mal la pique que Voltaire lui adressera : « Vous avez confirmé dans ces lieux plein d'ennui / Ce que Newton connut sans sortir de chez lui ». #Merci François-Marie, c'est trop sympa de ta part, toujours le mot qui fait plaisir
Voilà comment se finit cette incroyable aventure cartographique. La Condamine continuera de voyager jusqu'à sa mort en 1774, tout comme il voyageait déjà avant le Pérou sur tout le pourtour de la Méditerranée
Il nous rappelle l'époque où la cartographie était intimement liée à l'exploration, au voyage et à la découverte. Aujourd'hui, le lycée franco-equatorien de Quito porte son nom !
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Sur la plupart des cartes d'Afrique aux XVIIIe et XIXe siècles, une chaîne de montagne s'étire le long du 9e parallèle, du Sénégal au Nigeria : les Monts de Kong.
Sa particularité ?
Elle n'existe pas.
Mais alors, d'où vient-elle ?
N'insistez pas, je vous le raconte 🌍🌄⬇️
Pour comprendre l'origine de ce mythe cartographique, il faut savoir que la question est triple :
1. D'où vient l'idée d'une chaîne de montagne située ici ? 2. Qui l'a « vue » le premier ? 3. Qui l'a baptisée « Monts de Kong » ?
Laissez-moi vous dire qu'on va répondre tranquillement à ces trois questions dans l'ordre pour éclaircir le mystère.
Alors on prend sa loupe, ses chaussures de marche les plus solides et c'est parti pour une enquête cartographique au fil des siècles et des continents (si)
Révolution cartographique ce matin : @googlemaps abandonne la projection de Mercator pour un globe interactif ! 🌍 🌏🌎
Mais qu'est-ce que c'est une projection ? Qui c'est Mercator ? Pourquoi changer ? Le point sur tout ça vite fait, avec exemples et cartes ⬇️⬇️
@googlemaps Toute carte est un mensonge nécessaire. Vouloir représenter une sphère sur une feuille plane est par essence une opération impossible ! Maintenant qu'on a posé ça, sortons nos machettes pour nous frayer un chemin dans la jungle des projections (oui)
@googlemaps Donc n'importe quelle carte plane induit des transformations. Cette opération de conversion d'une sphère vers un plan s'appelle (en carto) la projection cartographique. Et il n'y en a pas qu'une seule, bien au contraire
Une toute petite commune située au triple point de contact des frontières de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la Belgique, avec une histoire toute particulière, où se mêlent micronation, zinc et Esperanto #Thread ⬇️🌍
Un peu à la manière de « Four Corners » aux Etats-Unis, mais avec une frontière en moins, il existe un triple point de contact entre l'Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas : le Vaalserberg. C'est aussi le point culminant des Pays-Bas (322 mètres d'altitude quand même)
C'est à cet endroit que se trouve la ville de Moresnet, ou plutôt le village, dont le principal atout, hormis sa situation, est de compter sur son territoire une mine de zinc extrêmement riche
Il y a 74 ans jour pour jour, le #6juin 1944, les troupes alliées lançaient l'opération Overlord et débarquaient sur cinq plages françaises.
Bien sûr, pour préparer tout ça, il fallait des cartes #Thread ⬇️ ⬇️
La série des « Bigot Maps » désigne un ensemble d'une vingtaine de cartes destinées à l'état major allié en vue de la préparation du débarquement. De par le secret qui les entoure il est difficile de savoir combien il y en avait exactement
Le nom de « Bigot Maps » n'est pas un acronyme pour « British Invasion of German Occupied Territory » comme on le lit parfois, mais un terme signifiant le caractère tout à fait top-secret des cartes et le nombre très restreint de personnes y ayant accès