Nous sommes en octobre 1904, en pleine guerre russo-japonaise, et le moins qu’on puisse dire c’est que le 1er Escadron de la Flotte du Pacifique russe, assiégée à Port Arthur (en Chine), est dans une situation délicate. #Thread
Pour le commandement russe, qui en a un peu assez de se prendre des branlées, il est plus que temps de réagir : la décision est prise d’envoyer la Flotte de la Baltique, sous le commandement de l’amiral Zinovy Rozhestvensky, à la rescousse.
Sauf que voilà : naviguer en hiver dans les mers de Barents, de Kara, des Laptev et de Sibérie orientale, c’est pas tout à fait prudent (c’est plein de gros glaçons).
Raison pour laquelle on décide de passer au sud.
Le plan, c’est de descendre le long des côtes atlantiques européennes, de traverser la Méditerranée puis, en empruntant le canal de Suez, de rejoindre l’Océan Indien et enfin les mers de Chine — soit un périple de près de 29 000 kilomètres, mine de crayon.
C’est-à-dire que, rien que pour y aller, ça promet d’être un peu coton.
En plus de ça, Rozhestvensky a quelques autres petits sujets à régler : déjà, on lui a imposé de partir avec tout un tas de vieux rafiots dont les capacités offensives sont pour le moins sujettes à caution mais qui, en plus, ne sont pas du tout adaptés à une telle traversée.
Sujet connexe : lesdits rafiots consomment une quantité de charbon phénoménale et la Russie ne dispose ni de navire de ravitaillement ni de la moindre base sur tout le trajet. Au total, Rozhestvensky doit trouver un demi-million de tonnes de charbon. #RienQueÇa
Enfin, et c’est sans doute le pire, les équipages de la Flotte de la Baltique, c’est un mélange de rookies sans expérience et de vétérans fatigués qui, par ailleurs, sont totalement démoralisés et sont convaincus d’aller droit au casse-pipe.
Bref, c’est pas gagné.
Et c’est d’autant moins gagné que, selon les services de renseignement russes — et, plus particulièrement, un type bien chelou connu sous le nom d’Abraham Moyshevich Hekkelman — les japs ont envoyé des torpilleurs en Europe pour les accueillir.
Le 15 octobre 1904, ce sont donc 28 bateaux qui appareillent depuis Liepāja (actuelle Lettonie) pour se lancer dans une aventure tellement ridicule que tout le monde est au courant.
Pour l’effet de surprise, c’est un peu plié avant même le départ.
Après quelques problèmes de moteurs, tout se passe à peu près bien... jusqu’au lendemain, quand le Bystryi (photo) s’emplafonne le Oslyabya, s’infligeant à lui-même un gros trou dans la coque et bousillant au passage ses tubes lance-torpilles.
Mais c’est le 21 octobre, une fois dans la mer du Nord, que le cirque atteint des proportions dantesques.
Vers 20h55, le Kamchatka, un bateau de maintenance qui avait pris un peu de retard à cause de problèmes de moteurs, envoie un message paniqué au Suvorov, le bateau amiral de Rozhestvensky (photo) :
« des torpilleurs nous pourchassent ! »
Évidemment, c’est la panique et ce d’autant plus que les messages s’enchainent : un peu plus tard, les gars du Kamchatka expliquent qu’ils sont carrément attaqués de tous les côtés par au moins 8 torpilleurs japonais.
Bizarrement, personne n’a vu la moindre torpille. Le Kamchatka change de cap et les torpilleurs disparaissent comme par magie vers 23h00. #BenVoyons
Et non, Ron Hubbard n’était pas à bord.
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(Spoiler : en fait c’était juste un navire de commerce suédois et les « renseignements » du fameux Hekkelman, c’était du pur bullshit destiné à justifier ses dépenses somptuaires : il n’y a pas un bateau jap dans le coin.)
Un peu plus tard, la flotte russe arrive sur le Dogger Bank, une zone connue pour être un spot de pêche particulièrement apprécié des chalutiers anglais à tel point que la navigation y était souvent difficile — notamment la nuit.
Et cette nuit du 21 au 22 octobre 1904 ne fait pas exception : c’est une bonne cinquantaine de chalutiers venus de Kingston upon Hull qui assistent à l’approche de ce qu’ils prennent au début pour des bateaux de la Royal Navy.
Du coup, ils sont tout contents les gars : ils se disent que, même avec ce brouillard, ils vont pouvoir admirer la Navy à la manœuvre…
... jusqu’à ce qu’ils se disent que là, quand même, ils foncent un peu droit sur eux les gars de la « Navy ».
Du coup, pour signaler leur position et faire comprendre qu’un chalutier qui pêche au filet c’est moyen manœuvrant, ils lancent des fusées vertes.
Et là, c’est le drame.
Non seulement ils sont tombés sur les seuls abrutis qui ne savent pas que le Dogger Bank est une zone de pêche anglaise mais en plus, ces crétins ne font pas la différence entre un chalutier qui signale sa position et un torpilleur qui les attaque.
Du coup, les russes allument leurs projecteurs et, quand ils distinguent vaguement des bateaux, ils sont persuadés qu’ils sont tombés sur une flotte japonaise.
C’est la panique totale : tout l’avant-garde de la de la Flotte de la Baltique se met à canarder et, comme ils ne voient pratiquement rien dans le noir, les gars tirent pratiquement au hasard.
L’Oryol, à lui-seul, va tirer pas moins de 500 (CINQ CENT !, 5*100 !!) obus…
Forcément, comme ils s’acharnent comme ça pendant un bon quart d’heure, nos blaireaux font quand même quelques dégâts : deux morts, six blessés, un chalutier coulé (le Crane) et quatre autres endommagés.
Et c’est là qu’arrive l’arrière-garde de la flotte.
Eux, la seule chose qu’ils voient, c’est des projecteurs et des explosions un peu partout. Du coup, comme ils sont aussi crétins que les premiers, ils se mettent à tirer…
... sur leurs propres bateaux — notamment l’Aurora (photo) et le Dmitrii Donskoi.
Forcément, à l’avant-garde, ils en concluent qu’ils sont encerclés : les types en sont à faire leurs prières et à mettre leurs gilets de sauvetage.
Les crétins du Borodino vont même aller jusqu’à imaginer s’être fait aborder par des japonais…
Au bout d’un moment, enfin, un certain nombre de types un peu moins stupides que les autres comprennent qu’ils tirent sur des chalutiers et avertissent Rozhestvensky.
Là, en principe, on serait en droit de s’attendre à un cesser le feu général.
Sauf que non : ce génie d’amiral est tellement persuadé d’être vraiment engagé dans une bataille navale qu’il ordonne qu’on fasse le tri en éclairant tous les navires présents au projecteur.
Et que font les bras cassés qui manipulent les canons quand ils voient un navire éclairé ?
Bah oui : ils tirent dessus.
Au total, ça dure un peu moins d’une demi-heure. Comme personne n’a repéré le moindre torpilleur japonais (et pour cause…), Rozhestvensky décrète enfin le cesser le feu et en conclue qu’ils ont mis les japonais en fuite.
Si si !
Les mecs sont donc persuadés d’avoir remporté une grande victoire et poussent même le vice jusqu’à justifier d’avoir tiré sur des chalutiers en s’auto-persuadant qu’ils étaient de mèche avec les japonais.
[*gif avec un autre facepalm*]
Du coup, ils mettent plein gaz et se taillent tout en prenant bien soin couper les communications avec Saint Pétersbourg de peur d’être repérés par l’ennemi. #OnNEstJamaisTropPrudent
Ils font ça jusqu’au 26 octobre, quand ils arrivent à Vigo (Espagne).
C’est là qu’ils découvrent toute l’étendue de leurs exploits qui sont en train de dégénérer en crise majeure entre la Russie et le Royaume Uni.
Forcément, Londres leur refuse le passage du canal de Suez.
Ils sont donc obligés de contourner le continent africain pour rallier Port Arthur…
... où les japonais, vous vous en doutiez un peu, leur mettront une fessée monumentale à la bataille de Tsushima. #Fin
Comme d’habitude, je rappelle que le stock est ici :
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Fin octobre 1941, les services de renseignement britanniques sont en alerte maximale : il semble que les nazis aient finalement réussit à infiltrer des agents en Angleterre ; on vient d’intercepter les messages du chef de leur réseau, un certain ‘Arabel’. #Thread
Dans ses messages interceptés par les brits, Arabel avertit ses maîtres de l’Abwer (le renseignement militaire nazi) qu’un convoi de la Royal Navy a quitté la baie de Caernarvon, au pays de Galles, et fonce désormais dans l’Atlantique, droit vers le sud.
Détail troublant, néanmoins : ce convoi n’existe pas. Même pas en rêve.
Suis à Chamonix. C’est plein d’étrangers. Des britanniques (en masse), des néerlandais, des allemands, des espagnols, des russes, des japonais, des chinois, des indiens...
Comme je suis un habitué, je peux vous confirmer que tout ce petit monde vient ici pour profiter de la montagne. On les retrouve sur les chemins de moyenne montagne ou, pour les plus sportifs, en haute montagne.
Seule exception : les arabes (les vrais hein, ceux qui viennent de la péninsule). Eux, ils restent en fond de vallée, là où il y a des boutiques de luxe.
En 1996, Alan Sokal, professeur de mathématiques et de physique, a eu une idée amusante : écrire un monument de pseudoscience et le faire publier dans une revue de ‘sciences sociales’ postmoderne. #MiniThread
Le point principal de Sokal, c’est que l’idée selon laquelle il existe une réalité objective, indépendante de nous, dont nous pourrions comprendre les lois grâce à de (« prétendues ») méthodes scientifiques est en réalité un dogme imposé par les intellectuels occidentaux.
Or, note l’auteur, un certain nombre de « percées conceptuelles récentes » montrent que « la ‘réalité’ physique est au fond une construction sociale et linguistique » et que le discours dominant relayé par la communauté scientifique…
Voilà la situation : vous êtes sur une portion d’autoroute limitée à 90 km/h (qui pourrait être, par exemple, l’A51 entre Aix-en-Provence et Marseille, aujourd’hui vers 15h10. [1/x]
Évidemment, comme vous avez un permis de conduire standard, vous respectez cette vitesse maximale scrupuleusement. Genre, vous roulez au régulateur pour être sûr de ne pas vous rendre coupable de violence routière.
Fatalement, la voiture devant vous roule à 85 km/h. Du coup, vous la rattrapez petit à petit et finissez par la doubler sur la voie de gauche (comme il se doit) mais lentement parce que 5 km/h d’écart ça ne fait pas une grosse différence.
Pour celles et ceux qui s’intéressent à la guerre du Vietnam, je ne saurais que trop recommander 'The Vietnam War: A Film by Ken Burns and Lynn Novick' sur Netflix. C'est magnifiquement fait et extraordinairement intéressant.
De l’aide militaire apportée par Truman au français dès septembre 1950 à la chute de Saigon en avril 1975, les États-Unis sont quand même restés dans ce bourbier pendant près de 25 ans et sous 6 présidents (Truman, Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon et Ford.)
En terme d’engagement de troupes sur place, on est passé des 900 ‘conseillers’ d’Eisenhower, à 16 000 gars à la mort de JFK puis à — tenez-vous bien — 543 482 hommes et femmes à la fin de la présidence de Lyndon Johnson.