Thread by @binnie

«vivement la concurrence, qu'ils aient tous envie de se tuer et qu'on ait moins d'impôts à payer mdr ;-)»

courage à ceux qui doivent se taper du co-voiturage avec la conversation de perroquet à éditorialiste de bfmtv qui vole haut (si tant est que ce perroquet là puisse voler.)

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by @Jean_Blt view original on Twitter

je reviens du hashtag #grevesSncf (je ne sais pas pourquoi je me suis infligée ça.) donc, thread.

je suis toujours amusée de voir les français lower ou middle class rêver à ce que la droite va leur laisser sur leur compte en banque une fois que les cheminots (et les autres, juste derrière) seront brisés.

en même temps, pas si simple d’être au courant de ce qui se passe ailleurs, dans les faits. c’est plus facile de fantasmer. et puis, c’est légitime d’être optimiste, et d’espérer que ça va s’améliorer.

anne sophie lapix — et gilles bouleau, sans doute, aussi — ne montrent pas tellement comment ça se passe chez moi, ou aux amériques. alors je vais encore parler de ce que j’appelle la «thatcher’s legacy», que j’ai découverte il y a bientôt six ans, en arrivant ici.

si vous faites partie de ceux qui pensent qu’il leur en restera davantage sur leur compte en banque une fois que les fonctionnaires n’auront plus rien, voici comment ça se passe, dans les faits, une fois l’affaire pliée.

dès lors que macron et ses successeurs auront terminé de détruire le service public, à moins d’être redevable de l’ISF, vous paierez les mêmes impôts. vous ne verrez aucune amélioration de votre «pouvoir d’achat», comme ils disent.

bon ok, je vous mens.

si vous êtes très riche, félicitations : vous en paierez sensiblement moins (ça vous permettra de demander au vieux Biff de passer deux couches de polish sur la jaguar D-type.)

si vous vous considérez à l’aise sur le plan financier, sans toutefois être fortuné, vous pouvez consulter les barèmes d’imposition de la france et du royaume-uni, pour plus de déception (sincèrement désolée de briser vos rêves d’embourgeoisement exponentiel.)

sans service public, vous vivrez enfin dans ce que l’on appelle un pays «riche», — comme le royaume-uni, par exemple —, sans couverture sociale, sans trains dignes de ce nom, sans hôpitaux sûrs et efficaces, sans universités gratuites de haut niveau.

et pour votre plus grand plaisir, la misère sera visible. non, pas comme ça. pas juste les SDF. elle sera visible sur tout le monde, ou presque. c’est à dire que dans la rue, les gens vont changer d’aspect.

les pauvres n’arrêterons pas de faire des enfants, la jeunesse sera mal-en-point (obésité galopante, manque de soins), le personnel hospitalier fera ses «courses» dans des «food banks» à défaut de pouvoir remplir un panier (même pas un chariot) chez tesco.

si vous avez les moyens, lorsque vos enfants seront en âge de fréquenter l’université, ça vous coutera minimum 8.000 balles l’année scolaire (si vos gosses sont des squales et que vous ne pouvez pas suivre derrière, ils devront s’endetter sur 20 ans pour étudier.)

par ailleurs, votre «mutuelle» santé vous posera des questions par téléphone pendant 45 minutes pour accepter de vous rembourser 5 séances de kiné.

et attention, ça ne sera pas en mode café-clope à la cool, le coup de fil qu’ils vous passeront. non, non. ils mèneront cette interrogatoire comme le FBI dans Mindhunter, en répétant et en reformulant certaines questions, afin que vous vous plantiez.

ça m’avait surprise, sur le coup, ces manières. j’avais l’impression d’être au téléphone avec mon assurance auto, alors qu’il s’agissait de ma santé.

mais c’est complètement logique, en réalité. c’est ce qui se passe lorsque le capital, qui ne vise qu’à grossir et préserver ses intérêts, donc à moins dépenser, est en charge de votre santé.

toujours au sujet de la santé : si la sécurité sociale est entravée pour être sabotée comme c’est le cas au royaume-uni, vous n’aurez plus accès aux spécialistes que vous aimez bien pouvoir fréquenter de temps à autre (gynécologues, psychiatres, dentistes.)

(ce sabotage est un entre-deux pourri qui vise à rendre les systèmes de santé publics impopulaires pour aller sans clash vers le 100% privé, comme aux amériques.)

si la sécurité sociale est détruite — donc inexistante comme aux US — vous devrez sortir 250 balles pour un frottis, 300 balles pour soigner une carie. vous irez moins souvent chercher conseil chez le médecin, et boufferez davantage de médicaments.

dernier détail, pour ceux que ça n’aurait pas frappé.

quand on vit bien tandis que les autres crèvent de faim, et si c’est là qu’on veut aller, mieux vaut que les pauvres soient fatalistes et flegmatiques comme des britanniques, ou enthousiastes et optimistes comme des américains plutôt que revanchards et énervés comme des français.

car on ne vit jamais très longtemps lorsqu’on est le seul à être satisfait. (voir dans les manuels d’histoire, dix-huitième siècle.) en d’autres termes, vous n’avez pas besoin d’aimer les autres ou d’être altruiste pour voter à gauche. vous pouvez vous contenter d’être égoïste.